Au Brésil, en Colombie, au Mexique, et au Pérou, chaque hectare des territoires indigènes emprisonne environ 33 tonnes de carbone chaque année, soit deux fois plus que les territoires à l’extérieur de ces zones protégées. Selon le rapport, ce chiffre important représente environ 30 % de la cible négociée dans l’Accord de Paris pour 2030.
Protéger les terres indigènes de plus en plus menacées
À eux seuls, on estime que les territoires indigènes contiennent 36% des dernières terres forestières intactes et 80% de la biodiversité terrestre restante.
L’étude examine l’impact des peuples autochtones et les terres qu’ils occupent sur les engagements climatiques nationaux de quatre pays : le Brésil, la Colombie, le Mexique et le Pérou. Ces pays abritent plus de 300 groupes autochtones, dont les terres sont actuellement menacées par le sur-développement ou encore l’exploitation minière et agricole.
Selon l’auteur principal du rapport, “les politiciens ou les promoteurs pensent que ces terres sont improductives […], que l’élevage du bétail ou la coupe des arbres pour le bois auront plus de sens d’un point de vue économique, mais ils ne tiennent pas compte de tous les services écosystémiques que ces terres fournissent. L’élevage de bétail, l’exploitation minière et l’exploitation forestière sont des menaces majeures pour ces territoires”, indique le rapport.
Pourtant la lutte pour la protection de ces territoires est de plus en plus difficile, notamment au Brésil où la pression s’intensifie depuis ce début d’année 2022.
Le projet de loi 191/2020 du gouvernement de Bolsonaro prévoit de favoriser la spéculation immobilière sur les territoires indigènes à des fins d’exploitations minières, ce qui est très largement contesté par les peuples indigènes. Durant le Campement Terre Libre, un regroupement à Brasilia de plus de 7000 indigènes, une lettre ouverte contre l’application de cette loi a été diffusée et plusieurs manifestations organisées ont scandéle slogan “Fora Bolsonaro”, ce qui signifie “Dehors Bolsonaro”. Un message clair en référence aux futures présidentielles brésiliennes prévues en octobre 2022.
Protéger les peuples indigènes – un objectif qui contraste avec la réalité
Les droits territoriaux des peuples indigènes est pourtant un sujet mentionné dans le rapport de l’ONG. Les membres du groupe de travail ont reconnu que pour conserver la biodiversité et renverser la crise d’extinction des espèces, il était nécessaire d’assurer les droits des territoires indigènes à grande échelle. Cette analyse contraste avec les actualités récentes où de nombreux membres de peuples indigènes en Amérique du Sud sont menacés, violentés, voire exterminés pour l’accès à leur terre.
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Un classement de Global Witness a été réalisé mettant en évidence les pays où le nombre d’assassinats de leaders indigènes ou militants environnementaux a été le plus élevé en 2020. La Colombie arrive en tête avec 65 meurtres, suivi par le Brésil et le Mexique avec 30 et 20 assassinats respectivement. Un triste constat pour les peuples indigènes.
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Sources principales :
Eco Business : “Reaching the Paris Agreement without protecting Indigenous lands is ‘impossible”
Article rédigé par Emmanuelle Palla
Traduit par Pape-Momar Camara