Le territoire du cacique Raoni menacé par des projets d’exploration minière


Le cacique Raoni lui-même n’est plus à l’abri sous l’ère Bolsonaro qui accentue la pression sur les peuples indigènes au prétexte d’une pénurie d’engrais relative à la guerre en Ukraine. De façon concomitante, le portail d’informations brésilien Olhardireto révèle que deux terres indigènes emblématiques de son peuple Kayapo font l’objet de demandes d’exploration minière de la part d’une entreprise du groupe Votorantim, alors qu’un projet de loi autorisant l’exploitation des territoires indigènes est en cours d’adoption au Congrès.


©️ Planète Amazone / Gert-Peter Bruch

Le territoire du cacique Raoni menacé par des projets d’exploration minière

Les territoires jusqu’ici protégés du plus célèbre défenseur de la forêt amazonienne, le cacique Raoni, ami et partenaire de longue date de Planète Amazone, sont désormais en grand danger.  Le portail d’informations brésilien Olhardireto révèle que les terres indigènes Capoto Jarina (où demeure le cacique Raoni) et Menkragnoti (dont les frontières ont été homologuées en 1993 grâce au soutien du chanteur Sting) sont sous le coup de trois demandes de recherche pour l’exploration minière déposées par Nexa Recursos Minerais S.A., une entreprise spécialisée dans la production de zinc appartenant au groupe Votorantim, l’un des plus grands groupes commerciaux du pays.

Depuis le début de l’année 2022, l’entreprise a fait au total 6 demandes de recherches pour l’exploration minière sur des terres indigènes. Les autres se portent sur les territoires indigènes des peuples Panará et Terena.  

 

Un projet de loi autorisant les activités minières sur les terres indigènes

Ces demandes déposées le 4 février 2022, font écho à l’adoption, le 9 mars dernier, d’un régime d’urgence par la Chambre des députés du Congrès national du Brésil, pour l’examen d’un projet de loi qui permettrait à terme de légaliser les activités minières sur les terres indigènes en Amazonie. Ce régime d’urgence permet d’accélérer l’adoption de la loi. Le projet de loi, proposé par Ricardo Barros, représentant du gouvernement de Bolsonaro à la Chambre des députés, a été expressément soutenu par le président Jair Bolsonaro.

Selon Bolsonaro et son gouvernement, cette urgence se justifie par la nécessité d’explorer des réserves de potassium utilisées dans de nombreux engrais sur des terres indigènes en Amazonie pour pallier une éventuelle pénurie en raison du conflit en Ukraine. En effet, le Brésil importe plus de 80% de ses engrais, selon les données du ministère français de l’Agriculture, son principal fournisseur étant la Russie, avec 20% de ses importations.

Cependant, selon le député Rodrigo Agostinho, du Front parlementaire écologiste, le projet de loi n’est qu’un « prétexte »  pour autoriser l’exploitation des terres indigènes à des fins économiques, des études ayant montré que la grande majorité des réserves de potassium du Brésil se trouvent en dehors de l’Amazonie et des réserves indigènes.

Terre Indigène Kayapo, État du Pará. © Felipe Werneck/Ibama

La colère des peuples indigènes  contre la politique environnementale destructrice de Bolsonaro

Le projet de loi a déclenché des protestations à Brasilia le 9 mars 2022, où plusieurs milliers de manifestants ont répondu à l’appel du célèbre chanteur Caetano Veloso et d’autres artistes pour protester contre la politique environnementale de Jair Bolsonaro et ses alliés.  Pour Caetano Veloso « le Brésil vit son moment le plus grave pour ce qui est de l’environnement depuis la re-démocratisation [après la dictature militaire de 1964 à 1985] ». 

Les peuples indigènes se sont également mobilisés contre cette loi. Le peuple Kayapó, dont est originaire le cacique Raoni, directement visé par les demandes d’exploration minière, a lancé une campagne contre l’approbation du projet de loi autorisant l’exploitation des terres indigène.

« Mon père n’a jamais laissé les blancs exploiter le bois et les minéraux ou pratiquer la pêche intensive. Les anciens ont toujours défendu la terre, la forêt, la rivière, leur peuple. Nous continuerons de nous battre pour le fleuve, pour la forêt et pour la terre », a déclaré un des chefs du peuple Kayapó. 

« L’Institut Raoni rejette tout projet qui, dans son processus, détruirait, altérerait ou aurait un impact direct sur les peuples autochtones, leurs territoires et leurs cultures. Nous ne soutenons aucune  activité illégale, comme dans le cas présent de la demande d’exploration minière en territoire indigène », a indiqué Sol Elizabeth Gonzalez Perez, coordinatrice de projet de l’association de défense des communautés indigènes située sur le territoire du Mato grosso présidée par le cacique Raoni.

Depuis le début de son mandat, Jair Bolsonaro, défend une politique d’exploitation minière et agricole en Amazonie, y compris dans les zones protégées. Aujourd’hui, il instrumentalise le conflit Russo-Ukrainien en faveur de cette politique et au détriment des droits fondamentaux et constitutionnels des peuples indigènes.  


Par Pauline Hery – sources :



Mis a jour le 2024-09-05 18:03:45

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