En janvier dernier le gouvernement brésilien a lancé une opération d’urgence visant à expulser les orpailleurs illégaux du territoire Yanomami et à résoudre la crise humanitaire que connaissent les indigènes. Mais les mesures prises par Lula n’ont pas suffit à enrayer la crise et ils continuent à mourir de maladies pourtant curables…
Une situation de crise toujours dramatique
Les hommes, les femmes et les enfants souffrent de paludisme, de maladies respiratoires Et c’est l’exploitation minière illégale qui en est responsable : une grande partie de la propagation du paludisme vient du fait que les larves de moustiques se reproduisent dans les eaux stagnantes des énormes cratères créés par les mineurs.
Ils sont aussi atteints par des maladies liées à la contamination de l’eau par le mercure, utilisé par les chercheurs d’or. Des études ont révélé que les rivières présentent des niveaux très élevés de contamination, 8600% au-dessus des niveaux de sécurité.
Les mesures de Lula sont très insuffisantes, selon le grand chef des Yanomami
Chef et chaman du peuple Yanomami à la notoriété mondiale, Davi Kopenawa n’a pas ménagé ses critiques à l’encontre du gouvernement du président Luiz Inácio Lula da Silva et de l’armée six mois après l’instauration du décret d’état d’urgence dans la plus grande terre indigène du Brésil. “Lula est très lent et l’armée a baissé les bras”, a-t-il déclaré.
Kopenawa a aussi critiqué les actions du nouveau gouvernement qui “n’a pas réussi à freiner de manière significative la propagation du paludisme”. Et il déplore le manque de moyens et d’actions menées dans le domaine de la santé et dans l’élimination des envahisseurs par les forces de sécurité. Selon lui, les soins de santé vitaux n’atteignent pas les communautés éloignées en raison du manque d’infrastructures et de la fermeture continue de certains postes de santé.
Trois organisations yanomamis et ye’kwanas ont publié le 2 août un rapport sur l’opération d’urgence intitulé “Nous souffrons toujours” dans lequel ils déplorent l’insuffisance des mesures. Le rapport formule 33 recommandations et appelle les autorités à consulter et à travailler avec les peuples indigènes. Ils alertent encore et toujours le gouvernement sur leur situation:
“Les chercheurs d’or continuent de pénétrer dans notre forêt et de la détruire. Ils attaquent nos villages, polluent les rivières et menacent nos vies.”
Le scénario reste le même : les garimpeiros sont encore sur le territoire
Il y a 31 000 Yanomamis sur tout le territoire, principalement dans l’état du Roraima. Le nombre de garimpeiros (chercheurs d’or) et de ceux qui les accompagnent, est désormais estimé entre 60 000 et 100 000. D’importants groupes de mineurs armés et de gangs criminels subsistent et résistent violemment à l’expulsion tout en continuant à extraire de l’or (ils cachent leur matériel et travaillent de nuit pour éviter d’être repérés) et à terroriser les communautés.
Beaucoup sont aussi dans les villes (comme Boa Vista et les municipalités voisines), négociant l’achat et la vente d’or. Ils sont soutenus par les propriétaires de magasins, les propriétaires d’avions, les propriétaires d’essence, les commerces d’alimentation…
Et maintenant ?
Le ministère des peuples indigènes dirigé par Sonia Guajajara a déclaré : “il reste des problèmes à résoudre concernant le territoire indigène yanomami, mais il faut du temps pour réparer les dégâts causés par des années de négligence.” Cependant, la demande du grand du chef Davi Kopenawa, que nous avons eu le plaisir de retrouver lors de l’”Appel du cacique Raoni” en juillet dernier, est impérieuse et catégorique :
“Le gouvernement doit chasser les mineurs jusqu’à ce que ce soit fini, jusqu’à ce qu’ils soient tous partis. C’est ce dont nous avons besoin.”
Il lance aussi un appel à la communauté internationale qui doit se mobiliser contre l’exploitation aurifère, d’autant plus que beaucoup d’or illégal arrive et circule sur les marchés occidentaux.
Davi Kopenawa s’est aussi exprimé dans une interview au journal quotidien d’informations brésiliennes O’Globo :
“Mon plus grand rêve est de retrouver mes souvenirs d’enfance, quand notre Brésil était merveilleux pour nous, les indigènes. Tout était beau et il n’y avait pas de destruction, de contamination de l’eau, des rivières et de la forêt.”
Continuons à nous mobiliser pour qu’un jour ce rêve devienne enfin réalité.
Source :
O’Globo, Davi Kopenawa: ‘Lula está muito devagar…
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Article rédigé par Laetitia Forestier pour Planète Amazone