Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié, le 20 mars, la synthèse de huit travaux qui font l’état des lieux des connaissances scientifiques sur l’ensemble des enjeux du réchauffement climatique. Malgré une situation climatique dramatique, le GIEC expose un espoir ténu de limiter le réchauffement à 1,5 °C, à condition d’un sursaut international.
Un réchauffement sans précédent provoqué par les activités humaines
L’intensité du réchauffement climatique est particulièrement forte : en 2022, les températures étaient supérieures d’1,2 degré environ par rapport aux moyennes pré-industrielles. Concernant le rythme du réchauffement climatique, il est même supérieur aux projections précédentes et les températures augmentent de façon trop rapide pour que les écosystèmes puissent s’y adapter.
Des scénarios jusqu’à +4 à 5 degrés pour 2100
Dans les scénarios les plus pessimistes, ceux où l’on continuerait d’émettre de plus en plus de gaz à effet de serre, on pourrait atteindre des hausses de +4 à +5 degrés de réchauffement par rapport aux moyennes pré-industrielles. Les scénarios où l’on continuerait d’émettre, mais avec les efforts limités mis en place actuellement, nous mèneraient au moins vers 3,2 degrés de réchauffement climatique. À l’inverse, deux scénarios nous permettraient d’avoir de bonnes chances de nous maintenir entre 1,5 et plus ou moins 2 degrés de réchauffement. Mais à condition d’entreprendre des actions urgentes et à l’échelle mondiale.
Les activités humaines en cause
Les données sont également très claires sur la responsabilité des activités humaines dans le réchauffement climatique, en particulier, la production et la consommation d’énergies fossiles, qui provoquent l’essentiel des émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique (75%).
Des conséquences graves sur les écosystèmes
Le réchauffement climatique entraîne une instabilité climatique et une augmentation des événements météorologiques extrêmes : canicules, sécheresses, incendies, mais aussi, inondations, tempêtes, cyclones. Le réchauffement climatique affecte aussi de manière globale les écosystèmes, notamment les plus fragiles, il perturbe la vie des sols, le cycle de l’eau, ainsi que la vie des océans. La fonte des glaciers s’accélère, de même que l’élévation du niveau des mers. Il participe également à la crise mondiale de la biodiversité en perturbant l’équilibre des habitats naturels.
Des risques majeurs pour les sociétés humaines
Tout dérèglement des écosystèmes a des conséquences sur les sociétés humaines : dégâts climatiques et humanitaires, famines, déplacements de populations, infrastructures dégradées, conséquences sanitaires… La productivité de l’agriculture diminue également, ainsi que l’ensemble des « services écosystémiques » rendus par la nature, c’est-à-dire les fonctions assurées par les écosystèmes naturels et qui bénéficient aux sociétés humaines : pollinisation, irrigation, résilience des sols …
S’adapter aux changements déjà en cours …
Les réalités climatiques ont déjà beaucoup changé dans la plupart des territoires mondiaux, et il faut désormais s’adapter à ces changements : hausse des canicules, sécheresse, incendies, etc. Un certain nombre de nos activités vont donc devoir s’adapter à des changements qui sont déjà irréversibles. L’agriculture, par exemple, va être amenée à changer ses pratiques pour s’adapter à un climat instable, au manque d’eau…
Pour dépasser le moins possible les +1,5°C
Afin d’atténuer au maximum l’augmentation des températures mondiales, le rapport met en avant différentes solutions. En premier lieu, la sortie des énergies fossiles : réduire l’usage du charbon, du pétrole et du gaz est impérative d’ici 2050 pour espérer éviter de dépasser le seuil d’1,5 degrés.
Le recours aux énergies renouvelables et autres énergies bas carbone est aussi évoqué, tout comme la transition vers une agriculture plus végétale et la protection des écosystèmes. Dans certains secteurs, notamment l’industrie, ce sont des solutions comme l’hydrogène vert qui ressortent, ou encore la capture du CO2, l’éco-conception et l’innovation pour développer des technologies plus efficientes. Mais le développement de ces nouveaux modes de production ont un coût financier très élevé et pour l’instant, selon les auteurs du rapport : “Les flux de financement publics et privés pour les énergies fossiles sont toujours supérieurs à ceux dédiés à l’adaptation et l’atténuation du changement climatique.”
Enfin, la sobriété est pour la première fois évoquée dans un rapport du GIEC. Ce dernier met en effet en avant l’impact des gestes du quotidien et la remise en question de nos modes de vie comme l’une des manières d’attendre les objectifs de réduction des émissions.
C’est en combinant l’ensemble des solutions d’atténuation et d’adaptation à des changements profonds de nos modes de production et de consommation que nos émissions pourront baisser rapidement. Le secrétaire général de l’ONU demande aux dirigeants des pays développés “d’atteindre la neutralité carbone le plus près possible de 2040” soit dix ans plus tôt que ce que visent la France et l’Union européenne …
Sources
Le Monde : Le dernier rapport du GIEC
You matter : Nouveau rapport du GIEC
Libération : Les points clés du rapport du GIEC
À lire aussi sur Planète Amazone
Nouveau rapport du GIEC: mises en garde alarmantes
Article rédigé par Laëtitia Forestier pour Planète Amazone