Le deuxième volet du sixième rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur le changement climatique (Giec) met l’accent sur les impacts du changement climatique : “Si les températures dépassent les 2°C de réchauffement, le développement résilient au changement climatique deviendra impossible dans certaines régions du monde”.
Le Giec, créé en 1988 par deux institutions des Nations unies : l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), a pour mission d’évaluer l’évolution du climat, ses causes et ses impacts. En publiant des rapports réguliers faisant un état des lieux des connaissances, ce groupe d’experts permet de faire avancer les négociations internationales sur le climat et d’alerter les décideurs et la société civile. Ses États membres assurent collectivement la gouvernance du Giec.
Les conséquences dramatiques du changement climatique, souvent vues comme lointaines, sont aujourd’hui une réalité partout sur notre planète. En effet, 3,3 à 3,6 milliards de personnes sont d’ores et déjà “très vulnérables” aux changements climatiques, ce qui représente près de la moitié de l’humanité.
L’adaptation face aux impacts du changement climatique
Alors que le cinquième rapport du groupe d’experts publié en 2007 ne s’étendait pas sur la question de l’adaptation, c’est-à-dire les mesures prises pour limiter ou se préparer aux impacts, celle-ci est désormais centrale. Le Giec met l’accent sur l’adaptation de nos comportements et de nos infrastructures notamment.
Les experts soulignent que plus les mesures d’adaptation seront mises en œuvre tôt, plus le monde en bénéficiera : “En investissant dans l’adaptation maintenant, le monde évitera des investissements plus importants à l’avenir. De plus, l’adaptation peut générer de multiples avantages : assurer la productivité de la pêche, de l’agriculture et des entreprises, favoriser l’innovation, la santé et le bien-être, renforcer la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance des populations, et reconstruire et renforcer la nature, tout en réduisant les risques et les dommages climatiques”
Aujourd’hui, au moins 170 pays et de nombreuses villes ont inclus l’adaptation dans leurs politiques publiques mais les progrès sont inégaux et largement insuffisants. Nombreux sont les obstacles freinant l’adaptation : le faible sentiment d’urgence ressenti par les populations, les gouvernements ou les industriels, le manque de volonté d’action politique, le faible engagement des citoyens et du secteur privé, les ressources limitées, la désinformation (notamment aux États-Unis), la pauvreté et les inégalités…
Le Giec met en lumière un manque de préparation évident. Le rapport met en garde contre le fait que le monde n’est pas prêt à faire face au dérèglement climatique. Celui-ci va bien plus vite que les quelques mesures prises pour faire face aux conséquences.
“Il y a des preuves de plus en plus nombreuses de mal-adaptation dans de nombreux secteurs et régions.”
Les experts alertent également sur les dangers de mesures pouvant être totalement contre productives, alors que nous n’avons plus aucune marge d’erreur.
En effet, les fausses solutions telles la compensation carbone et les centrales hydroélectriques présentées comme des alternatives responsables et durables sont nombreuses. Planète Amazone connaît bien le sujet, notamment pour avoir co-organisé un side-event lors de la COP26 de Glasgow en novembre 2021 aux côtés de l’Alliance des Gardiens de Mère Nature et d’International Rivers sur le thème “Alternatives à l’hydroélectricité et aux solutions basées sur la nature pour protéger le climat et les peuples indigènes”.
Les pertes et dommages
Les experts alertent le monde sur les pertes et dommages qu’entraînent les changements climatiques, à la fois pour la nature et pour l’Homme, et qui ne vont cesser de s’accroître.
“Le risque d’impacts graves augmente avec chaque fraction supplémentaire de réchauffement” selon le rapport.
Le réchauffement global des températures, ayant déjà atteint + 1,1°C en moyenne depuis l’ère préindustrielle, contribue activement au déclin, voire à l’extinction, des espèces, à l’augmentation de certaines maladies, à des décès causés par la chaleur et la sécheresse, à une perte importante de récoltes agricoles, etc.
Photo : Parc nationale et réserve de Glacier Bay (Alaska) – Stephen Meyers | Pexels
Selon les experts du Giec, tout dépassement de +1,5°C entraînerait des impacts irréversibles sur des écosystèmes capitaux tels que les récifs coralliens, les glaciers de montagne et les calottes glaciaires, tous déjà largement impactés. De plus, cette hausse conduirait à une extinction possible de 3 à 14% des espèces terrestres et à une augmentation des maladies et des morts prématurées.
De nombreuses espèces et écosystèmes ont déjà atteint ou dépassé leurs limites d’adaptation aux changements. Par exemple, sur les petites îles qui deviennent inhabitables en raison de l’élévation du niveau de la mer et du manque d’eau douce, les habitants se retrouvent désormais contraints de se déplacer. D’ici 2050, un milliard de personnes pourraient vivre dans des zones côtières à risque, la hausse du niveau de la mer renforçant l’impact des tempêtes et des submersions marines. La population exposée au risque d’inondations marines va doubler si l’océan s’élève de 75 cm, une hausse tout à fait compatible avec les projections pour 2100.
Les 195 gouvernements membres du Giec se sont accordés pour reconnaître que : “le changement climatique induit par l’humain, y compris des événements extrêmes plus fréquents et plus intenses, a causé des impacts négatifs généralisés et des pertes et dommages connexes sur la nature et les personnes”..
Le rapport souligne l’existence de certains changements irréversibles et potentiellement catastrophiques pouvant être déclenchés à certains niveaux de réchauffement : les points de basculement. Cela concerne notamment la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l’ouest de l’Antarctique qui contiennent une quantité d’eau glacée qui pourrait faire monter le niveau des océans de 13 mètres.
À plus court terme, certaines zones telles que le nord-est du Brésil, l’Asie du sud-est, la Méditerranée, le centre de la Chine et de nombreuses régions côtières du monde entier pourraient être frappées par de multiples catastrophes en même temps : sécheresse, canicule, cyclone, incendies, inondations.
Sources :
BFM TV – Ce qu’il faut retenir des conclusions, de plus en plus alarmistes, du dernier rapport du Giec
Novethic – Rapport du Giec : s’adapter au changement climatique pourrait être impossible au-delà de 2°C de réchauffement