Le 10 juin 2025, dans le cadre du sommet mondial UNOC 3 à Nice, France 2 diffusait en direct l’émission spéciale Urgence Océan, durant laquelle le président Emmanuel Macron a occupé l’antenne pendant près de deux heures. Parmi les séquences programmées, un bref échange a eu lieu avec le Cacique Tau Metuktire, représentant du peuple Kayapo et petit-fils du célèbre Cacique Raoni Metuktire, venu en Europe porter la parole de son grand-père, empêché pour raisons de santé.
Cet échange, inédit dans une émission télévisée française en direct entre un chef d’État et un chef indigène d’Amazonie, aurait pu marquer un moment historique. Mais, outre qu’il est été brutalement interrompu au bout de deux minutes, le Cacique Tau n’a pas pu répondre aux allégations du président concernant la situation de son peuple. Emmanuel Macron s’est donc exprimé sans débat contradictoire sur des sujets aussi sensibles que la protection des terres indigènes, le soutien de la France aux peuples autochtones et la situation en Guyane française.
Or, plusieurs de ses affirmations — entachées d’approximations, de raccourcis ou de contre-vérités — appellent une mise au point rigoureuse. Car les mots d’un président français, surtout en cette année cruciale de la COP30, qui réunira en novembre à Belém (Amazonie brésilienne) près de 200 chefs d’État pour décider de l’avenir climatique mondial, ne peuvent être laissés à l’improvisation ou à la confusion.
Ils engagent la France, mais aussi, par son rôle diplomatique et son rayonnement, l’image que l’Europe donne au monde sur les droits des peuples autochtones et la défense des forêts. C’est pourquoi Planète Amazone publie ce décryptage citoyen, basé sur des faits, des textes et des réalités de terrain, pour rappeler qu’à ce niveau de responsabilité, la parole ne doit jamais trahir la vérité.
1. Monsieur le président, les terres indigènes du Brésil ne sont pas des “réserves”
Lors de l’émission Urgence Océan, le président Emmanuel Macron a utilisé le terme de « réserves » pour désigner les territoires du peuple Kayapo au Brésil. Ce choix de mots, qui semble anodin, renvoie en réalité à une histoire coloniale lourde. En Amérique du Nord, les « réserves » étaient — et sont encore — des espaces imposés par les États aux peuples autochtones après les avoir expulsés de leurs terres ancestrales. Souvent situées dans des zones marginales et appauvries, ces réserves étaient synonymes de relégation, d’acculturation forcée et de rupture du lien spirituel entre les peuples et leurs territoires d’origine.
Les terres des Kayapo n’ont rien de commun avec cette réalité. Il s’agit de terres indigènes reconnues par la Constitution brésilienne de 1988, en vertu de son article 231, comme des territoires traditionnellement occupés. Ce sont des terres où les peuples indigènes vivent depuis des générations, où ils perpétuent leurs savoirs, leurs rituels, leur langue, leurs lieux sacrés. Ce sont des territoires enracinés dans l’ancestralité, indissociables de leur culture, de leur identité et de leur vision du monde.
Les terres indigènes du peuple Kayapo — parmi lesquelles la terre indigène Menkragnoti (près de 5 millions d’hectares) et la terre indigène Capoto/Jarina (643 000 hectares, territoire du Cacique Raoni) — ne leur ont pas été attribuées comme une faveur. Elles leur ont été reconnues à la suite de longues luttes, comme des terres qui leur appartiennent de fait, parce qu’elles portent la mémoire, les modes de subsistance et les équilibres environnementaux hérités de leurs ancêtres.
Employer le mot « réserve » dans ce contexte, c’est nier cette réalité juridique, écologique et culturelle. C’est aussi perpétuer une vision dépassée, asymétrique, où les peuples autochtones sont perçus comme dépendants des États qui « leur accorderaient » un espace de vie. Nous appelons à une vigilance sémantique de la part de ceux qui représentent la France au plus haut niveau, car les mots ne sont jamais neutres : ils façonnent les perceptions et peuvent renforcer ou affaiblir les luttes de reconnaissance.

2. Protection des territoires kayapo : un chantier inachevé confronté aux enjeux du « Marshall vert pour l’Amazonie »
Toujours dans l’émission Urgence Océan, le président Emmanuel Macron a déclaré que son homologue, Luiz Inácio Lula da Silva, avait « à nouveau protégé » les territoires du Cacique Raoni. Une formulation qui suggère une dynamique de sécurisation aboutie — alors même que, sur le terrain, les faits démentent largement cette impression.
En 2019, lors d’une tournée diplomatique majeure en Europe, le Cacique Raoni alertait sur deux priorités urgentes pour la survie territoriale de son peuple. D’une part, l’entretien des frontières physiques de plusieurs terres kayapo reconnues, devenues invisibles à cause de la repousse des végétaux non traitée. D’autre part, la fin du processus de démarcation de Kapôt Nhĩnore, territoire sacré et essentiel à l’interconnexion écologique des terres indigènes centrales.
Si la France ne pouvait engager de démarches juridiques au Brésil, elle pouvait toutefois soutenir les travaux matériels de protection. À cette fin, Emmanuel Macron annonçait une aide d’un million d’euros via l’ONG Conservation International, destinée à la réfection des lignes frontalières et balisage (500 000 € seulement revenant aux Kayapo). Pour l’heure, aucun programme officiel de surveillance — national ou international, public ou privé — ne vient soutenir cette initiative indigène. Il n’existe pas de dispositif satellitaire soutenu par l’État, ni d’équipe étatique ou ONG indépendante en permanence à leurs côtés. Sur le terrain, ce sont essentiellement les Kayapo eux‑mêmes, renforcés par quelques ONG partenaires, qui assurent la défense de leurs frontières, équipés de radios, bateaux ou drones, mais sans appui logistique institutionnel pérenne.
Quant au « Marshall vert » pour l’Amazonie brésilienne et guyanaise –un plan d’un milliard d’euros dévoilé le 26 mars 2024 à Belém par les présidents Macron et Lula –, il repose principalement sur les marchés carbone, les paiements pour services écosystémiques et les filières de bio‑économie, s’appuyant notamment sur le mécanisme REDD+ pour générer des crédits carbone issus de l’Amazonie (ce système, en pratique, génère des droits à polluer, n’incitant pas les industries et États à réduire directement et rapidement leurs émissions de gaz à effet de serre provenant des énergies fossiles). Le même jour, sur l’île de Combú, près de Belém, le Cacique Raoni recevait la Légion d’honneur des mains d’Emmanuel Macron, en présence du président Lula, servant ainsi de caution médiatique internationale à cette initiative. Pourtant, à ce jour, aucun financement concret n’a été attribué à la protection effective des territoires kayapo. L’ambassade de France à Brasília a bien attribué en avril 2025 un million d’euros – réparti entre trois organisations représentant des peuples du Xingu (et pas uniquement les Kayapo) – mais cette somme est relative à un engagement antérieur au lancement officiel du « Marshall vert ».
Les mécanismes type REDD+ sont aujourd’hui dénoncés par l’Indigenous Environmental Network comme une nouvelle forme de colonialisme vert, réduisant forêts et communautés à de simples unités financières ; la Déclaration de Brasília (2017) de l’Alliance des Gardiens de Mère Nature – cofondée par le Cacique Raoni et des peuples indigènes du monde entier, avec le soutien de Planète Amazone – rejette toute monétisation de la Terre-Mère. La critique est confirmée par Survival International et Mongabay, qui dénoncent l’existence de véritables « banques de carbone » profitant aux pollueurs et financeurs plutôt qu’aux peuples autochtones.
Le programme connexe AMABIO (AFD/Banco da Amazônia, 80 M€) favorise davantage la « finance durable » et la « création de revenus locaux » que la démarcation ou la surveillance des frontières kayapo. Les projets pilotes (via Conservation International ou Environmental Defense Fund) ont échoué à tenir leurs promesses, freinés par des blocages culturels.
Pendant ce temps, les Kayapo font face à la plus grave offensive juridique depuis la dictature – entre le Marco Temporal et les annulations d’homologations de territoires indigènes – alors qu’ils ne reçoivent que des fonds symboliques, sans prise en compte de leur priorité historique : la sécurité territoriale.
En définitive, promouvoir la rentabilité économique avant la protection juridique revient à perpétuer un colonialisme vert : conditionner le droit à la vie et à la protection territoriale des peuples autochtones à la logique des marchés carbone, en totale contradiction avec leur vision ancestrale et leur engagement‑militant.

3. Le Marco Temporal : une menace juridique que l’on ne peut enterrer
Pendant l’émission Urgence Océan, Emmanuel Macron a évoqué, sans le nommer, le projet de loi connu sous le nom de Marco Temporal, déclarant que le président Lula y avait opposé son veto. Par ce raccourci, le chef de l’État français a donné à penser que la situation était désormais résolue. Or il n’en est rien — et cette présentation, même involontaire, masque une réalité d’une gravité exceptionnelle.
Le Marco Temporal — aujourd’hui intégré dans la loi 14.701/2023 — impose que seules les terres occupées par des peuples indigènes à la date du 5 octobre 1988, jour de la promulgation de la Constitution brésilienne, puissent être reconnues comme terres indigènes. Ce critère nie la réalité historique de nombreux peuples qui ont été déplacés par la violence, privés d’accès à leurs territoires ou dont la reconnaissance officielle était en cours après cette date. Il rend inéligibles d’innombrables demandes de reconnaissance et menace également de remettre en cause des terres déjà homologuées.
Ce projet est perçu, par les peuples indigènes eux-mêmes, comme l’agression légale la plus grave depuis la dictature militaire. Depuis 2021, des mobilisations indigènes d’ampleur historique se succèdent à Brasília. Des leaders de tout le pays, femmes et hommes, jeunes et anciens, dénoncent une « mort juridique des peuples indigènes ». La Cour suprême du Brésil (STF) avait d’ailleurs rejeté en septembre 2023 cette interprétation comme inconstitutionnelle. Pourtant, le Congrès a voté la loi, et le 14 décembre 2023, il a renversé le veto de Lula, rendant le Marco Temporal pleinement effectif.
Mais un événement encore plus grave vient de survenir : le Sénat brésilien a annulé trois décrets d’homologation de terres indigènes signés par le président Lula. C’est un fait sans précédent depuis le retour de la démocratie. Les décrets concernés — publiés en décembre 2024 — validaient l’homologation définitive des terres Toldo Imbu, Morro dos Cavalos et Aldeia Velha, appartenant respectivement aux peuples Kaingang, Guarani Mbya et Pataxó. Le 28 mai 2025, le Sénat a approuvé le PDL 177/2024 (parfois référencé comme PDL 717), et la décision a été définitivement entérinée le 11 juin 2025, le lendemain même de l’intervention d’Emmanuel Macron sur France 2. Ce revirement constitue une attaque frontale contre le pouvoir exécutif, une tentative de légitimer l’intervention du pouvoir législatif dans les décisions d’homologation présidentielles, et un précédent juridique extrêmement inquiétant pour toutes les terres en cours de reconnaissance.
Ce double mouvement — application du Marco Temporal et révocation d’homologations — plonge les peuples indigènes dans une insécurité territoriale majeure. Il sape les fondations mêmes de la reconnaissance constitutionnelle de leurs droits, et menace directement la continuité physique et culturelle de dizaines de peuples. L’interprétation juridique du Marco Temporal nie l’ancestralité, ignore les violences historiques, et impose aux peuples un fardeau probatoire impossible à porter.
Face à cela, présenter la situation comme stabilisée revient à entretenir une illusion dangereuse. Il ne s’agit pas d’un détail technique : c’est une rupture démocratique, un déni de droit, un recul des garanties fondamentales. Les paroles présidentielles, même prudentes, ont du poids. Dans un tel moment, leur effet peut renforcer ou affaiblir la résistance des peuples. En l’espèce, les propos tenus par le président français, en suggérant que « le veto a réglé la question », passent à côté de l’urgence historique et de la mobilisation sans précédent qui secoue le Brésil et sa démocratie.

4. Guyane française : soutenir les peuples autochtones sans les reconnaître — une contradiction insoutenable
Dans Urgence Océan, Emmanuel Macron s’est présenté comme un défenseur des peuples autochtones de Guyane. Une posture publique jugée contradictoire lorsqu’on examine les faits : la République française n’accorde toujours aucun statut juridique aux six nations amérindiennes (Kali’na, Palikur, Wayãpi, Wayana, Teko, Lokono) et bushinenguées, invoquant l’indivisibilité de la République comme obstacle à toute reconnaissance différenciée. Cette position empêche notamment la France de ratifier la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT), pourtant signée par la grande majorité des pays amazoniens, dont le Brésil, la Bolivie, le Pérou, la Colombie et le Venezuela.
La Convention 169 constitue aujourd’hui l’instrument juridique international le plus avancé en matière de reconnaissance des droits collectifs des peuples autochtones. Elle impose aux États signataires le devoir de consulter ces peuples de manière libre, préalable et éclairée pour tout projet législatif ou économique susceptible d’affecter leurs territoires, leurs ressources, leur organisation sociale ou leurs modes de vie. En refusant de la ratifier, la France se prive volontairement d’un cadre juridique structurant qui permettrait d’établir des procédures de dialogue égalitaire et d’assurer une protection effective contre l’extractivisme, les grands projets d’aménagement ou les politiques publiques imposées sans consentement.
Or, les peuples autochtones de Guyane n’en demandent pas davantage que ce que la France exige déjà pour ses citoyens ailleurs : être entendus, considérés, et respectés comme détenteurs d’une histoire, d’un droit, et d’une autorité coutumière. En avril 2024, le Congrès des élus de Guyane a adopté une résolution ambitieuse en ce sens, appuyée par les chefs coutumiers des six nations, réclamant la création d’une Assemblée autochtone dotée d’un droit de regard sur tout projet lié à leurs terres. Cette initiative, à ce jour, n’a reçu aucune réponse de l’État.
Elle s’inscrit pourtant dans une longue histoire de luttes. En 2017, une mobilisation historique à Cayenne réunissait 20 000 manifestants pour réclamer la restitution de 400 000 hectares de terres — un dossier qui reste aujourd’hui suspendu, sans mesure concrète d’application.
Dans le même temps, la tragédie des “homes indiens” reste sans reconnaissance ni réparation. Environ 2 000 enfants autochtones ont été arrachés à leurs familles entre 1935 et les années 1980 pour être placés dans des pensionnats sous contrôle religieux. Ce système a provoqué des ruptures familiales, culturelles et linguistiques profondes, dont les séquelles se font encore sentir aujourd’hui. Des appels répétés à la mise en place d’une commission “Vérité et Réparation” ont été portés par des figures politiques et des collectifs autochtones, sans réponse de l’État.
Par ailleurs, la crise psychologique des jeunes amérindiens atteint un niveau alarmant. À Trois-Sauts, chez les Teko et Wayãpi, des études indiquent un taux de suicide atteignant jusqu’à 172 pour 100 000 habitants, soit plus de dix fois la moyenne nationale, dans un contexte de marginalisation, de rupture culturelle et de désespérance sociale profonde.
Enfin, l’histoire récente alimente ce paradoxe républicain : Emmanuel Macron a soutenu le très controversé projet minier de la Montagne d’Or lorsqu’il était ministre de l’Économie, projet rejeté massivement par les peuples autochtones et suspendu après une intense mobilisation. Peut-on soutenir les peuples autochtones d’Amazonie brésilienne tout en continuant d’ignorer ceux de la Guyane française ?
Aujourd’hui encore, les peuples autochtones de Guyane sont invisibilisés dans le droit français, tenus à l’écart de la fabrique législative, et privés des outils de reconnaissance que la France promeut pourtant à l’international. Il ne s’agit plus simplement de cohérence : il s’agit de justice. Toute parole politique en faveur des peuples autochtones perd son crédit lorsqu’elle ne s’accompagne pas d’une réforme profonde du cadre juridique et mémoriel qui continue, encore aujourd’hui, à les nier.

Conclusion : au-delà des symboles, une responsabilité politique mondiale face aux peuples et à la forêt
À l’heure où le président Emmanuel Macron se présente en allié des peuples autochtones sur la scène internationale, il est impératif que ses paroles soient à la hauteur des réalités qu’elles prétendent embrasser. Derrière chaque mot employé — comme « réserve » ou « protection » — se jouent des décennies de luttes, des systèmes juridiques complexes, des traumatismes encore ouverts, et surtout des vies exposées à l’arbitraire, à l’oubli ou à la prédation.
Il ne s’agit pas de juger un homme, mais de rappeler qu’un chef d’État, s’exprimant devant des millions de citoyens et en pleine préparation de la COP 30 à Belém (10–21 novembre 2025), assume une responsabilité. Chaque approximation, chaque mot erroné ou mal calibré a un effet : il façonne la perception collective, il valide ou invalide des récits de justice, il renforce — ou mine — les luttes pour la reconnaissance, la vérité et les droits.
Cette responsabilité déborde le cadre national et concerne tous les décideurs politiques, économiques et financiers — européens et mondiaux. Derrière les grands discours sur le climat et la préservation de la biodiversité se jouent, au premier chef, des choix structurants sur la consommation de soja, viande, minerais, pétrole, bois et or. Ne pas les nommer, c’est creuser une fracture morale entre intentions affichées et effets de fond, car ces sujets ne relèvent pas uniquement de la diplomatie ou de la solidarité internationale : ils touchent au cœur de notre propre modèle de développement.
La déforestation de l’Amazonie, l’invasion des territoires indigènes, les violences subies par les communautés forestières ne sont pas des fatalités lointaines. Elles sont directement liées à notre consommation de soja, de viande, de minerais, de pétrole, de bois et d’or. Les politiques publiques, les marchés internationaux et les flux d’investissements européens influencent profondément ces dynamiques. Ne pas en tenir compte dans les discours, c’est renforcer une fracture morale majeure entre les intentions affichées et les responsabilités réelles.
À travers son engagement historique auprès du Cacique Raoni et d’autres leaders amazoniens, Planète Amazone défend une vision fondée sur la vérité, la cohérence et la justice intergénérationnelle. Nous n’attendons ni promesses sans suite, ni partenariats de façade. Nous appelons à une parole publique exigeante, informée et alignée avec les faits.
C’est pourquoi nous adressons ces recommandations non seulement au président Emmanuel Macron, mais à tous les responsables politiques et économiques qui prennent position sur ces enjeux vitaux et se posent en alliés des peuples indigènes :
● Employer une terminologie rigoureuse et respectueuse, bannissant les concepts hérités de l’histoire coloniale comme « réserve » pour désigner des terres indigènes légalement reconnues ;
● Concrétiser les engagements pris depuis 2019 auprès des Kayapo : réfection et entretien régulier des frontières, installation de dispositifs de monitoring (satellites, drones, patrouilles), et protection durable contre les invasions ;
● Mettre en lumière l’effet délétère du “colonialisme vert”, quand une stratégie économique (marchés carbone, REDD+, bio-économie) dépasse les priorités territoriales exprimées par les peuples autochtones ;
● Reconnaître l’état d’alerte juridique que constitue la loi Marco Temporal, non seulement en cessant d’en minimiser l’impact au nom de formules rassurantes, mais aussi en exerçant une pression diplomatique active sur le Congrès national brésilien, afin que cette loi soit abrogée, que soient rétablit l’homologation des terres indigènes concernées et que les attaques législatives à l’encontre des peuples indigènes cessent ;
● Cesser d’ignorer les peuples autochtones de Guyane française, en entamant leur reconnaissance juridique, en répondant aux demandes formulées collectivement, et en engageant une démarche de vérité et de réparation historique autour des « homes indiens » ;
● Ratifier enfin la Convention 169 de l’OIT, pour garantir un droit effectif à la consultation libre, préalable et éclairée des peuples indigènes, y compris sur le sol français ;
● Réaffirmer haut et fort que la mise en œuvre d’un règlement européen robuste contre la déforestation constitue une priorité absolue. Cela implique également de relancer une stratégie nationale ambitieuse pour accompagner ce règlement, tout en réaffirmant les engagements pris précédemment, notamment en matière de soja, comme le respect du moratoire sur le soja en Amazonie ;
● Repenser en profondeur les politiques de consommation et d’approvisionnement qui contribuent à la destruction des territoires autochtones dans les pays du Sud.
Tant que ces exigences ne seront pas remplies, la parole publique sur les peuples autochtones demeurera un exercice déséquilibré, souvent bien intentionné, mais déconnecté des réalités qu’il prétend servir. Et tant que les peuples qui protègent les forêts ne seront pas pleinement reconnus, ni ici, ni là-bas, la lutte pour le climat, la paix et la justice restera incomplète.