Planète Amazone met le peuple Guarani-Kaiowá à l’honneur à la COP28
Le 2 décembre 2023, Planète Amazone a invité Valdelice Veron a participer à la COP28 à notre side-event “Les droits fonciers et les combustibles fossiles dans le grand défi de protéger la forêt amazonienne et les peuples autochtones”, co-organisé avec la Pachamama Alliance. Sa participation à son premier sommet du climat, à Dubaï, a reçu le soutien de Stop Ecocide International, notre partenaire de longue date. Valdelice y a rejoint une délégation inspirante, dont faisait aussi partie Appolinaire Oussou Lio, président de l’ONG Grabe Bénin et membre du Comité Exécutif de l’Alliance des Gardiens de Mère Nature, la Princesse Esmeralda de Belgique et Gert-Peter Bruch, président et fondateur de Planète Amazone. Lors de cette COP si controversée, Valdelice Veron a également représenté le conseil Aty Guaçu des Guarani-Kaiowás .
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Notre side-event “Les droits fonciers et les combustibles fossiles dans le grand défi de protéger la forêt amazonienne et les peuples autochtones”, à la COP28 de Dubaï, le 2 décembre 2023
Le 5 décembre, nous avons également invité Valdelice Veron à notre événement “Protéger les terres indigènes et reconnaître l’écocide” au sein du pavillon Extreme Hangout. Co-organisé avec la princesse Esméralda, il s’agissait d’un débat passionnant autour de la projection d’un extrait de notre film “Amazonia, Cœur de la Terre Mère”, dans lequel la leader indigène nous livre de vibrants témoignages sur son peuple.
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Notre évènement “Protéger les terres indigènes et reconnaître l’écocide” à la COP 28
La voix du peuple Guarani-Kaiowá résonne à New York
pendant une assemblée de la Cour Pénale Internationale
Après la COP, le 11 décembre 2023, Planète Amazone a également co-organisé avec Stop Ecocide International l’intervention de Valdelice Veron lors de la 22ème session de l’Assemblée des États parties au Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale (CPI) à New York City. Elle s’est exprimée lors de l’évènement officiel “Écocide : la voix des victimes“ organisé par l’ONU et notre partenaire Stop Ecocide International. Lors de cette table ronde, la leader indigène a porté la voix des Guarani-Kaiowás ainsi que des peuples indigènes du monde entier qui protègent des écosystèmes gravement menacés.
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(intervention de Valdelice Veron à 19′ 23”)
22ème session de l’Assemblée des États parties au Statut de Rome de la Cour pénale internationale
Par ailleurs, l’une des missions de Planète Amazone est d’apporter un soutien médical à nos partenaires indigènes. À ce titre, nous avons contribué financièrement à la venue de Valdelice Veron à Paris fin novembre pour des raisons médicales, prenant en charge ses frais médicaux. Cette occasion a également été mise à profit pour lui présenter le parrain de Planète Amazone, Pierre Richard et son épouse Ceyla, chez lesquels elle a été chaleureusement accueillie.
Les Guarani-Kaiowás, un peuple extrêmement menacé et violemment réprimé
Lors de tous les évènements auxquels Planète Amazone et ses alliés lui ont permis de porter la voix de son peuple, Valdelice Veron a témoigné de la situation dramatique du peuple Guarani-Kaiowá, deuxième plus grand peuple indigène du Brésil par l’importance de sa population. Privés de la quasi-totalité de leurs terres ancestrales, ils vivent désormais pour la plupart dans de petites parcelles de terres, à la lisière de fermes d’élevages et de plantations détenues par des propriétaires terriens.
« Pendant que nous parlons ici, je pense qu’il y a plusieurs villages Guarani-Kaiowás dans l’état du Mato Grosso do Sul qui sont attaqués par des propriétaires terriens » explique Valdelice Veron à la grande assemblée de la CPI
Invisibilisés par l’Etat qui reste sourd à leur détresse, les Guarani-Kaiowás se défendent et ripostent de leur mieux aux attaques des agriculteurs et des milices privées qui les assaillent, et tentent de reprendre possession de leurs terres ancestrales. Cette reconquête, la “retomada”, se heurte invariablement à la répression de la police fédérale et des propriétaires terriens, qui entraîne blessures, meurtres, déplacements et arrestations d’indigènes.
Lorsque les attaquants font l’objet de poursuites judiciaires, ces dernières se soldent rarement par un chef d’accusation à la hauteur des crimes commis. En novembre 2023, un homme a été condamné à 16 ans d’emprisonnement pour le meurtre d’un indigène Guarani-Kaiowá dans l’État du Mato Grosso do Sul. Il s’agit de la première condamnation pour le meurtre d’un indigène dans cet État.
L’exploitation des terres indigènes est à l’origine du génocide du peuple Guarani-Kaiowá
Le drame du peuple Guarani-Kaiowá provient en partie de son enracinement dans l’actuel État du Mato Grosso do Sul, qui est l’État brésilien le plus productif en termes d’élevage et d’agriculture. Victimes de la recherche effrénée de profit économique de multinationales de l’agronégoce telles que Bunge ou Dreyfus Commodities, les terres occupées par les Guarani-Kaiowás sont régulièrement le théâtre de massacres.
Au-delà des violences commises à leur égard, les Guarani-Kaiowás souffrent également des conséquences sanitaires de l’exploitation de leurs terres. En effet, les activités économiques en terres indigènes ont un impact extrêmement dangereux sur leur santé. Les pesticides utilisés pour l’agriculture intensive polluent les sols et se déversent dans les cours d’eau, ce qui empoisonne la faune locale et empêche le peuple Guarani-Kaiowá de s’adonner à ses activités traditionnelles, telles que la pêche et la culture vivrière. Privés de leurs moyens de subsistance, les Guarani-Kaiowá vivent alors de l’aide alimentaire distribuée aléatoirement par les pouvoirs publics.
Quelles solutions ?
À la COP28 comme à la Cour Pénale Internationale, Valdelice Veron a rappelé les solutions à apporter en urgence pour sauver son peuple, démarquer leurs terres et reconnaître le crime d’écocide à l’échelle mondiale.
La démarcation des terres ancestrales des Guarani-Kaoiwás
doit impérativement reprendre
Planète Amazone se joint au peuple Guarani-Kaiowá et appelle à la démarcation de toutes leurs terres dans les plus brefs délais. La démarcation des terres indigènes est un processus garanti par la Constitution brésilienne de 1988, qui permet aux peuples indigènes de disposer de leurs territoires ancestraux selon leurs coutumes et traditions. Elle rend donc illégal tout accaparement des terres ancestrales par les propriétaires terriens.
Mais le droit des Guarani-Kaiowá est actuellement délibérément ignoré. Et la dernière démarcation de leurs terres date du premier mandat du président Lula Da Silva, soit il y a plus de 17 ans, comme le rappelle l’édition 2022 du conseil Aty Guaçu du peuple Guarani-Kaiowá. Ce processus garanti par la Constitution doit reprendre immédiatement.
Si la démarcation est indispensable, elle n’est malheureusement pas toujours suffisante pour protéger les terres indigènes. Par ailleurs, le droit à la démarcation des terres indigènes est fortement attaqué par le Congrès brésilien, qui a promulgué en décembre 2023 une terrible loi qui limite grandement le nombre des terres indigènes pouvant être démarquées.
Reconnaître l’écocide, une nécessité pour protéger les Guarani-Kaiowás
Pour bien protéger les Guarani-Kaiowás, il est également nécessaire de reconnaître le crime d’écocide à l’échelle mondiale, un thème central de notre nouveau film tout juste achevé “Amazonia, Coeur de la Terre Mère”, réalisé par Gert-Peter Bruch et la princesse Esmeralda.
Valdelice Veron explique à ce sujet :
« Quand les propriétaires terriens viennent avec les bulldozers pour raser la forêt, cela conduit à la mort de nombreux êtres vivants. Ce ne sont pas que des arbres sacrés que l’on sépare de leurs écorces, de leurs légumes, de leurs fruits, mais aussi la mort de tous les animaux et êtres vivants qui vivaient dans cette zone détruite (…)
Nous avons dénoncé ces pratiques mais nous ne sommes pas écoutés. Nous avons été tués aussi. Et quand ils eurent fini, il ont tout brûlé et ils ont planté du soja à la place (…)
Au nom du progrès, ils sont en train de tuer l’humanité. C’est l’écocide »
La reconnaissance du crime d’écocide, un projet porté par Stop Ecocide International et soutenu par Planète Amazone depuis 2012, permettrait de combler une carence dans le droit international. En effet, actuellement, les individus à la tête d’entreprises ou d’états qui s’approvisionnent en produits issus de déforestation illégale ne sont pas tenus pénalement responsables des dégâts environnementaux causés par leurs décisions. Les entreprises sont soumises à des amendes en cas d’impact environnemental avéré, mais l’absence de sanction pénale individuelle ne dissuade guère leurs dirigeants de continuer des activités par ailleurs économiquement fructueuses.
Une législation internationale ou nationale sur le crime d’écocide mettrait fin à cette impunité et reconfigurerait pour le meilleur l’ordre moral et juridique mondial en faveur de la nature et des peuples indigènes, ses gardiens.
Retrouvez ici les témoignages de Valdelice Veron sur le peuple Guarani-Kaiowá :
Achetez le DVD Terre Libre : https://shop.planeteamazone.org/index.php
(Re)visionnez notre web série “Protégeons l’Amazonie”: https://vimeo.com/522891467
À lire également sur Planète Amazone :
Sources :
Stop Ecocide : 22nd Session of the Assembly of States Parties
Survivalinternational : Les Guarani du Brésil menacés par les fermiers
Instituto Humanitas Unisinos : Demora na demarcação de terras de Guarani Kaiowá alimenta crimes contra indígenas. Entrevista especial com Fernanda Bragato
Article rédigé par Quentin Moreau et Juliette Savoret pour Planète Amazone