Selon le CIMI (Conseil indigéniste missionnaire), 208 indigènes ont été assassinés au Brésil en 2023, soit une hausse de 15 % par rapport à 2022. Le rapport dénombre sur la même période 1 276 cas de « violences contre le patrimoine » des peuples autochtones, comme l’invasion des terres ou la destruction de propriétés. Mille quarante enfants indigènes sont également morts en 2023 faute de soins ou du fait de malnutrition.
Des chiffres et des faits accablants pour le gouvernement Lula
Ces chiffres dépassent les niveaux, déjà alarmants, atteints sous la présidence de Jair Bolsonaro (2019-2023), qui était opposé à toute avancée des droits des indigène
Comble : le CIMI dénonce une « situation de continuité des violences et des violations contre les peuples originels » entre Lula et son prédécesseur d’extrême droite.
La démarcation des terres au ralenti
Dénué de majorité au Congrès, Lula s’est vu forcé de gouverner avec des partis du centre et de la droite, favorables à l’agronégoce. Depuis le début de son mandat, le président de gauche n’a homologué que dix nouvelles terres indigènes, oubliant ses promesses de campagne.
Le marco temporal : la faiblesse de Lula
Contre l’avis du Tribunal suprême fédéral, les parlementaires ont adopté, fin 2023, la loi dite du « repère temporel », disposant que l’homologation de nouvelles terres ne sera désormais possible que dans des zones peuplées par les indigènes au moment de l’adoption de la Constitution, en 1988, ignorant ainsi les expulsions et déplacements forcés subis par ces populations. Le président Lula ne s’est opposé que mollement à l’adoption de la loi et son veto n’a pas été respecté.
Les peuples Guarani-Kaiowa et Yanomami, grandes victimes de l’abandon du gouvernement
L’atermoiement au sommet de l’État a eu un impact direct sur le terrain. Sur les 208 assassinats recensés par le CIMI en 2023, 47 ont eu lieu dans le seul l’État de Roraima, en Amazonie, où se trouve la grande terre indigène Yanomami, prise d’assaut par des milliers d’orpailleurs clandestins et en proie à une crise humanitaire sans précédent.
Dans l’État du Mato Grosso do Sul (centre-ouest), où vivent les Guarani-Kaiowa, avec près de 50 000 personnes, 43 indigènes ont été tués en 2023. « Ici, ce ne sont pas de simples crimes, mais de véritables massacres ! », alerte Matias Rempel, coordinateur du CIMI dans la région, qui évoque « au moins 400 assassinats »commis contre des autochtones « en dix ans ».
Malgré les appels à l’aide de ces communautés, le gouvernement ne réagit pas efficacement alors que la Constitution de 1988 stipule que l’État brésilien doit les protéger.
L’espoir de l’arrivée au pouvoir de ce président de gauche a été vite déçu et le président Lula a eu beau s’afficher avec le cacique Raoni dès son investiture, sa politique indigène manque d’actions véritables pour sauver ces peuples en grand danger de mort.
Source
Le Monde : Au Brésil, Lula accusé d’inaction face aux meurtres d’indigènes
Lire notre article pour tout savoir sur le Marco Temporal : https://cutt.ly/uegPjo6m
Article rédigé par Laetitia Forestier pour Planète Amazone