Bruxelles : quand notre prochain film rejoint la résistance à l’accord de libre échange UE-Mercosur


Mardi 20 février à Bruxelles, Planète Amazone a réalisé une projection exceptionnelle du documentaire “Amazonia, Cœur de la Terre Mère”, qui sera lancé à l’automne 2024. À l’invitation du groupe des députés européens Greens-EFA et dans le cadre de la contestation de l’accord de libre-échange UE-Mercosur en cours de finalisation, nous avons saisi cette opportunité pour présenter au public belge nos actions en faveur de la démarcation des terres indigènes et de la reconnaissance du crime d’écocide.


Première projection d’“Amazonia, Cœur de la Terre Mère” en séance privée à Bruxelles | © Droits réservés

Après la projection d’“Amazonia, Cœur de la Terre Mère”, que nous montrions pour la toute première fois dans sa version complète, Gert-Peter Bruch, co-réalisateur du film et président de Planète Amazone, Jojo Mehta, présidente de Stop Ecocide International et l’eurodéputée Saskia Bricmont ont ouvert un débat passionnant avec un public nombreux et enthousiaste

De gauche à droite : Saskia Bricmont (eurodéputé), Gert-Peter Bruch (Planète Amazone) et Jojo Mehta (Stop Ecocide) pendant le débat modéré par Aurélie Buytaert | © Droits réservés

 

Un documentaire poignant pour dénoncer le démantèlement des droits des peuples indigènes en cours au Brésil

Interrogé par la modératrice du débat sur les raisons qui l’a poussé, avec la princesse Esmeralda, à réaliser ce film, Gert-Peter Bruch a expliqué que les désastres provoqués par le mandat catastrophique de l’ancien président Jair Bolsonaro ont été un point de départ pour ce nouveau projet : « tous les efforts réalisés pour protéger et assurer des droits aux peuples indigènes ont été balayés lors de ce mandat. », a-t-il expliqué, précisant que le film accompagne la première année du nouveau mandat du président Lula.

Saskia Bricmont et Gert-Peter Bruch | © Droits réservés

Le film expose l’ambivalence au sein même de la plus haute sphère de la diplomatie internationale face à Jair Bolsonaro. C’est d’autant plus grave que l’UE, la Belgique, la France, les Etats-Unis, et beaucoup d’autres pays occidentaux ont investi massivement dans des politiques internationales visant à protéger l’Amazonie, notamment par la démarcation des terres indigènes

“Dans les négociations, on ne parle plus que de finance et d’économie verte […] mais sans reparler des fondamentaux que sont la démarcation et la protection des terres indigènes qui ne sont pas terminées. Normalement, ce n’était qu’une première étape pour aller beaucoup plus loin, vers la restauration des territoires endommagés et un vrai modèle de sécurisation de ceux-ci. Mais, 35 ans plus tard, on fait totalement machine arrière.”, a déclaré Gert-Peter Bruch

Par ce film, nous voulons aussi montrer que l’inscription du droit à la démarcation des terres indigènes dans la Constitution brésilienne n’est pas suffisante à garantir son application. Un président comme Jair Bolsonaro peut totalement bloquer la démarcation des terres indigènes pendant l’intégralité de son mandat tout en incitant les envahisseurs à continuer de les envahir en toute impunité.

Pour combler cette faiblesse, les intervenants ont défendu la nécessité d’associer, à la démarcation de toutes les terres indigènes, la reconnaissance du crime d’écocide, le seul mécanisme juridique qui aurait le potentiel dissuasif nécessaire pour décourager les auteurs de destructions de l’environnement.

 

Reconnaître l’écocide pour protéger les territoires indigènes

Jojo Mehta, présidente de la Fondation Stop Ecocide International et intervenante dans le film, a démontré que la reconnaissance de l’écocide est fondamentale pour  la protection de l’environnement et de ses gardiens.

Gert-Peter Bruch et Jojo Mehta | © Droits réservés

La loi sur l’écocide soutiendra les défenseurs des terres et des forêts qui résistent chaque jour à l’écocide. Au Brésil, cette démarche serait particulièrement pertinente pour faire face à l’exploitation forestière illégale et aux invasions de terres indigènes. En effet, la reconnaissance de l’écocide au niveau mondial, pour laquelle se bat Planète Amazone depuis 2012, renforcerait les lois environnementales brésiliennes mais permettrait aussi d’imposer des sanctions pénales aux dirigeants de multinationales, qui continuent de se fournir en produits issus de la déforestation.

“Légiférer sur l’écocide permet aussi de changer les mentalités culturelles. Si l’écocide est classé au même niveau de gravité que le génocide, nous pourrons enfin comprendre que les dommages importants causés à l’environnement sont tout aussi terribles que les atteintes aux personnes et que ces deux crimes sont interconnectés“ a t’elle conclu lors d’une démonstration très appréciée.

 

La lutte indispensable contre le traité de libre-échange UE-Mercosur

Au-delà de l’Amazonie, les intervenants ont également mis en garde contre les risques qui pèsent sur les écosystèmes brésiliens, au premier lieu duquel l’accord de libre-échange en cours de négociation entre l’Union Européenne et les pays membres du Mercosur, dont fait partie le Brésil.

Saskia Bricmont, députée écologiste engagée contre ce traité et intervenante dans le film, a témoigné de la lutte politique autour de cet accord au Parlement Européen. En 2020, grâce à un contexte globalement défavorable aux traités de libre-échange, les eurodéputés étaient parvenus à bloquer l’accord. L’arrivée du Covid 19 avait ouvert une réflexion sur l’impact de la déforestation et l’émergence de pandémies, une réflexion poursuivie dans notre mini-série “Protégeons l’Amazonie”. Et la présidence de Jair Bolsonaro avait mis en lumière la situation désastreuse de l’Amazonie brésilienne et de ses gardiens.

“[le traité de libre-échange UE-Mercosur est] un accord commercial qui date d’une autre époque, qui est basé sur un mandat de négociation d’il y a plus de 20 ans, quand on ne parlait pas des objectifs climatiques, de la préservation des écosystèmes et de la biodiversité, qui ne comprend pas de protection des peuples indigènes […] Un traité qui ne comprend pas les enjeux actuels et qui, selon les études d’impacts, va aggraver la production de biens et de services qui contribuent à la déforestation” a-t’-elle parfaitement résumé.

Saskia Bricmont | © Droits réservés

Aujourd’hui, Bolsonaro est parti, mais comme le démontre notre film, la situation au Brésil reste dramatique.

“La communauté internationale est victime d’un effet d’optique au Brésil car le président Lula est revenu et l’on perçoit son charisme mais on ne voit pas la réalité du terrain. S’il y a des courbes favorables avec des baisses de la déforestation de l’Amazonie, les destructions se sont déportées sur les autres écosystèmes. La situation ne s’est pas améliorée depuis l’arrivée de Lula, qui est attaqué de manière très agressive par le Congrès national que l’on a pas vu aussi hostile depuis la dictature militaire et qui désormais fait passer ses lois.” a souligné Gert-Peter Bruch

 

Une projection très réussie, de bonne augure pour le lancement de notre tournée

Après ces passionnantes interventions, l’événement s’est poursuivi par un beau moment d’échange avec le public. L’évènement a été une belle occasion de retrouver notre alliée Adélaïde Charlier, militante écologiste et cofondatrice de Youth for Climate, qui intervient également dans le film.

Après la projection, Adelaïde Charlier, jeune belge engagée pour le climat, a livré un témoignage émouvant sur sa participation à notre film | © Droits réservés

Les intervenants ont également échangé avec des membres de l’ONU, Sandrine Dixson-Declève (présidente du Club de Rome), Vinz Kanté (animateur radio et influenceur), Joël Gréa (vulgarisateur scientifique), des représentants d’associations tels qu’Espírito Mundo et l’Association Jiboiana, parmi d’autres.

Tous se sont montrés très enthousiastes à l’idée d’un nouvel évènement à Bruxelles dans un futur proche. À suivre…


À lire également sur Planète Amazone :

La démarcation : une nécessité pour la survie des peuples indigènes et la protection de la nature

Brésil : la multinationale Bunge détruit la plus vaste savane du monde

Marco Temporal : comment le Congrès brésilien saborde les droits fondamentaux des peuples indigènes

 

Retrouvez nos actions récentes :

Planète Amazone de retour au Forum mondial Normandie pour la Paix


Article rédigé par Quentin Moreau pour Planète Amazone



Mis a jour le 2024-03-29 17:37:12

Haut de page

A la une

CAMPEMENT TERRE LIBRE 2024
LES RAISONS DE LA COLÈRE

Au Brésil, Ailton Krenak dev...
le premier membre indigène d...

La Suisse reconnue coupable
de violations des droits hum...

QUAND NOTRE PROCHAIN FILM re...
la lutte contre le traité UE...

Entre soja et savane brésili...
que choisira l’Europe ?

à la COP 28 et à l'ONU, Plan...
pour faire résonner la voix ...

Au Brésil, CONTRE UN PROJET ...
action commune des INDIGèNES...

Bilan de l'année 2023 au Bré...
Victoires et défaites des pe...

Rencontre avec Appolinaire O...
Gardien des forêts sacrées a...

Nouveau roman d'Arkan Simaan
En soutien aux indigènes d'A...

Avant-première spéciale à Br...
Découvrez 'Amazonia, Cœur de...

Démarcation de la terre de R...
La bataille juridique contin...

Au Congrès brésilien
Les droits des indigènes sab...

Sécheresse catastrophique au...
Le nord du pays ravagé

Forum mondial Normandie pour...
Retrouvez l'intervention de ...

Territoire du Kapot-Nhinore
Les agriculteurs contre la d...

Hommage à Rosita Watkins
L'amie des peuples indigènes...

Arrestation du cacique Valdi...
Les Guarani-Kaiowás sont att...

Crise humanitaire au Brésil
Les Yanomamis continuent de ...

Grande Assemblée du cacique ...
Planète Amazone en terre kay...

London Climate Action Week
Notre nouveau film en avant-...

Déforestation au Cerrado
Les ravages de la multinatio...

Planète Amazone au Brésil
Notre mission Terre Libre 20...

L'ancien président condamné...
Bolsonaro : toujours dangere...

Collecte de fonds pour ATL 2...
Rassemblement fin avril à Br...

La démarcation : une nécessi...
Pour les peuples et la natur...

Nouveau rapport du GIEC
l’humanité au bord du précip...

Planète Amazone à la COP15
Quelles actions face à la 6 ...

#CarrefourNousEnfume
Le message filmé de Kretã Ka...

Changement climatique
Notre COP27

Un film, 3 versions, 6 langu...
Le DVD de Terra Libre (enfin...

Démarcation des terres indig...
Victoire pour les Nambikwara...

Reconnaissance du crime d'éc...
La Belgique, bon élève europ...

Double meurtre en Amazonie
Justice pour Dom et Bruno

2012 - 2022
Planète Amazone, 10 ans d'ac...

Les 4 épisodes en replay
"Protégeons l'Amazonie"

Signez la pétition
Amazonie : stop au double-je...

TERRA LIBRE
Regardez toutes les vidéos d...

Connaître Planète Amazone
Lire notre historique

Soutenez Planète Amazone
Faites un don mensuel ou pon...

Actus

Agenda

[Agenda]
20 février 2024
Bruxelles : projection en avant-première de “Amazonia, Cœur de la Terre Mère” en résista...
Lire la suite

[Evénements publics]
30 novembre 2023 - 07 décembre 2023
Une délégation de Planète Amazone à la Cop 28 à Dubaï
Lire la suite

[Projections - Terra Libre]
16 novembre 2023
Projection-débat du film Terra Libre et rencontre avec Appolinaire Oussou Lio, chef du peuple T...
Lire la suite

[Evénements publics]
14 octobre 2023 - 21 avril 2024
L'art brésilien mis en lumière par l'exposition "Brésil, identités"
Lire la suite

[Projections - Terra Libre]
15 juin 2023
Projection/débat du film Terra Libre au cinéma Sirius
Lire la suite

[Projections - Terra Libre]
05 mai 2023
Projection/débat du film Terra Libre au cinéma Apollo
Lire la suite

Tout l'agenda

Vidéos récentes

14 April 2023
L’appel de Pierre Richard en soutien à un grand rassemblement de peuples indigènes au Brésil

9 December 2022
Interview du cacique Kretã, du peuple Kaingang

3 June 2022
Message du cacique Raoni #STOPECOCIDE

9 November 2021
COP26 : Le Cacique Ninawa et Mindahi Bastida dénoncent les fausses solutions de nos dirigeants

9 November 2021
COP26 : Mindahi Bastida appelle à l’action, maintenant !

9 November 2021
Ouverture de la COP26 : l'hommage de Tom Goldtooth à un chef défunt.

  Accéder à la chaine vidéo

Newsletter

Rejoignez les Gardiens de la Terre