L’alliance associe l’augmentation des activités illégales à des propositions d’assouplissement de la législation du gouvernement fédéral, comme le projet de loi numéro 191, soumis cette année par le président Jair Bolsonaro au Congrès national pour permettre l’exploration minière sur les terres indigènes – le projet n’a pas encore été ni analysé ni voté.
D’avril à mai de cette année seulement, ce sont 562 hectares qui ont été détruits par l’activité des garimpeiros, qui s’ajoutent aux 21 500 autres hectares déjà déboisés dans la région, selon l’alliance formée par des organisations non gouvernementales indigènes, des associations de communautés traditionnelles et des institutions de la société civile, qui opèrent dans le bassin de la rivière Xingu.
La superficie totale détruite, de 220 km², équivaut à environ 18 % de la municipalité totale de Rio de Janeiro. La préoccupation grandit car les mines, clandestines et sans contrôle sanitaire, sont des vecteurs de transmission du nouveau coronavirus dans les villages indigènes.
Dans les communes qui composent le bassin du Xingu, 16 315 cas et 327 décès dus à la maladie ont été enregistrés au 29 juin dernier. Dans tout l’État du Pará, il y a eu 114 000 cas et 5 100 décès jusqu’à la nuit de dimanche (5/07).
“Avec la propagation de la COVID-19 dans le pays, l’invasion des garimpeiros au sein des terres indigènes et des unités de conservation représente une double menace : la contagion des peuples autochtones et des populations traditionnelles et la destruction de la forêt”, a affirmé Rede Xingu+ dans un texte divulgué ce lundi (6/07).
Des pistes d’atterrissage clandestines
L’expansion de l’exploitation minière a été détectée dans les Terres Indigènes Kayapo et Baú, des Indiens Kayapo et Apyterewa, des Indiens Parakanã, dans les réserves extractives Riozinho do Anfrísio et Rio Iriri, dans le parc national de la Serra do Pardo et dans la Forêt nationale (Flona) d’Altamira .
Rede Xingu+ a déclaré avoir déposé, pour la période de 2019 à 2020 seulement, déjà 12 plaintes auprès de différents organismes publics concernant les invasions de ces sept zones protégées par le Gouvernement Fédéral. “En plus de la déforestation pour opérer des activités illégales et de la contamination des ressources naturelles, l’ouverture de routes et de pistes d’atterrissage a été dénoncée”.
La Terre Indigène Kayapo, où vivent plus de 4500 autochtones, est considérée comme la zone la plus touchée de la région avec 684 hectares déboisés au cours des cinq premiers mois de cette année, principalement dans la région des fleuves Arraias et Fresco. Dans le même temps, elle concentre le plus grand nombre enregistré de cas et de décès dus à la COVID-19, avec six morts et 206 contaminations au 17 juin.
Sur la TI Kayapo, selon l’alliance, en seulement quatre ans, de 2015 à 2019, un total de 5 700 hectares a été détruit par l’exploitation minière “qui se rapproche toujours un peu plus des villages, mettant en danger la santé des indigènes et causant des conflits liés au partage inégal des bénéfices générés, à la promotion de la prostitution, de même qu’à la violence causée par l’accès facile aux boissons alcoolisées et autres drogues”, indique le rapport de Rede Xingu+.
L’alliance a détecté un total de 1 300 km de routes illégales sur le territoire indigène, dont 918 km sont associés à l’exploitation minière, et six pistes d’atterrissage.
Les Indiens acculés
Dans la Terre Indigène Apyterewa, où vivent environ 730 Parakanã, l’invasion aussi est croissante et inquiétante. En 2019, selon l’alliance, 7700 hectares ont été déboisés, ce qui a placé le territoire “à la deuxième place du classement des terres indigènes les plus déboisées de l’Amazonia Legal” l’année dernière. Les Indiens se sont retrouvés acculés dans un coin de la Terre Indigène et aujourd’hui “moins de 20 % de la TI est en pleine possession des indigènes, selon la Funai.”
Il y a déjà eu plusieurs décisions de justice en faveur des Parakanã afin d’expulser les envahisseurs des terres, ce qui était d’ailleurs l’une des conditions pour la construction de la centrale hydroélectrique de Belo Monte, inaugurée en 2016, mais jusqu’à présent, le gouvernement fédéral n’a pas exécuté les décisions du pouvoir judiciaire. Il y a eu une première opération pour expulser les envahisseurs, en 2016, mais le travail n’a jamais été mené à bien.
Le rapport de Rede Xingu+ indique que deux grandes mines d’or sont en activité à Apyterewa, “fonctionnant de manière intensive et avec un degré élevé de dégradation de l’environnement. Les mines utilisent une machinerie lourde et sont financées par des personnes qui étaient auparavant liées à l’accaparement des TI”.
Dans la réserve extractive de Riozinho do Anfrísio, une exploitation minière qui était désaffectée depuis 14 ans a repris son activité en 2018. Dans la Flona (Forêt nationale) d’Altamira, 138 hectares ont été déboisés par l’exploitation minière de janvier 2019 à février 2020.
Dans la réserve extractive voisine de Riozinho, la réserve extractive de Rio Iriri compte des mines illégales de cassitérite et d’or dans la région de Lajeiro, un lieu de grand passage parmi les résidents de la région. Une autre piste d’atterrissage a été repérée en septembre 2019, près du cours d’eau Jabuti.
En octobre 2019, l’alliance a annoncé avoir dénoncé l’ouverture d’un autre site minier illégal dans le parc national de la Serra do Pardo, à Terra do Meio. La zone déboisée de 1,5 hectare “montre l’intensité de la dégradation générée par l’exploitation minière en seulement un mois d’activité”.
“Les contrevenants sont les mêmes que ceux qui ont financé les mines dans la zone protégée voisine, la Terre Indigène Apyterewa. Les résidents relatent des intimidations de la part des envahisseurs, qui répandent des rumeurs selon lesquelles la zone ne serait plus protégée, que l’ICMBio et l’Ibama* n’ont pas juridiction et que l’exploitation minière a été autorisée”, a déclaré l’alliance.
*Notes du traducteur : L’institut Chico Mendes de conservation de la biodiversité et l’Institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles renouvelables sont notamment chargés des politiques publiques liées à l’environnement.
© UOL, le 6 juillet 2020, traduit du portugais par Nicolas Casuccio – Article original