Jesús Berti Antaihua Quispe et son épouse Nusat Parisada Benavides de la Cruz, de la communauté Asheninka Cleyton, ainsi que Gemerson Pizango Narvaes, de la communauté Asheninka Santa Tereza, ont tous les trois été tués par balle par des criminels à Puerto Inca au Pérou, le 22 mars 2022, alors qu’ils rentraient chez eux. Selon Berlín Diques, les communautés indigènes dans cette région subissent des violences en réponse à leur lutte contre le trafic de drogue et l’exploitation minière illégale qui sévit sur leur territoire.
Dimanche 20 mars 2022, c’est un défenseur de l’environnement, Juan Julio Fernández, qui a été assassiné à Madre de Dios, près de La Pampa. Tout comme son frère Germán Fernández Hanco, il était coordinateur du comité de gestion de la réserve nationale Tambopata située dans le Sud-est du pays. Germán Fernández a expliqué que lui et sa famille reçoivent depuis des années des menaces de groupes criminels, et que sa sœur a été séquestrée il y a deux semaines par des personnes impliquées dans l’exploitation minière illégale.
La région de La Pampa est un lieu central de l’exploitation minière illégale au Pérou. Les peuples indigènes y luttent contre la déforestation et la destruction de la biodiversité, mais ils doivent faire face à une violence exacerbée et des violations des droits humains qui restent impunies. Depuis le début de la pandémie en 2020, la Société péruvienne pour le droit de l’environnement a dénoncé l’assassinat de 14 défenseurs de l’environnement. À ces crimes s’ajoutent de nombreux enlèvements, actes de violence et chantages exercés par des groupes criminels et liés à des activités illégales. En avril 2021, Marisol García Apagüeño, leader de la communauté Kichwa de Bajo Huallaga, au sein de la Fédération des peuples indigènes Kechua Chazuta Amazonas (FEPIKECHA), dénonçait les problèmes liés aux activités illégales et les menaces adressées aux communautés indigènes au Pérou, en raison de la non-reconnaissance de leurs droits territoriaux.
L’inaction du gouvernement péruvien et la corruption des autorités judiciaires
Face à cette situation, l’Organisation Régionale Aidesep-Ucayali et l’association régionale des peuples indigènes (ARPI) accusent l’inaction du gouvernement et la corruption des autorités judiciaires, qui favorisent l’impunité et encouragent les criminels à poursuivre leurs actions. En décembre 2020, une délégation de chefs indigènes s’était rendue à Lima pour alerter et demander la protection de l’État face aux menaces et aux assassinats.
Dans un communiqué, l’Organisation Régionale Aidesep-Ucayali a demandé à l’État péruvien de rendre justice, de prendre des mesures pour freiner les groupes criminels, mettre fin à l’impunité et protéger les défenseurs environnementaux. L’organisation appelle notamment l’État à ratifier l’Accord d’Escazú sur l’accès à l’information, la participation publique et l’accès à la justice dans les questions environnementales, afin de réellement protéger les droits des défenseurs de l’environnement.
Planète Amazone condamne fermement ces meurtres et est de tout cœur avec les familles et communautés impactées par ce drame.
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Sources principales :
RPP Noticias “Perú vive una semana negra con el asesinato de cuatro líderes indígenas”
El Comercio, 22/03/2022, Madre de Dios: defensor ambiental de la reserva de Tambopata fue asesinado a balazos
AIDESEP, 24/03/2022, Pronunciamiento: ¡Exigimos justicia por el asesinato de los defensores de Huánuco y Madre de Dios!
Article rédigé par Anne-Sophie Fernandes