C’est un véritable drame pour toute une communauté indigène du Nicaragua. Porté disparu depuis le 8 mars 2022, Salomón López Smith, 52 ans et chef du peuple Mayangna, a été retrouvé mort après avoir été séquestré durant sept jours sur ses terres agricoles, selon son neveu Noel Colleman, député suppléant du Parlement centraméricain. Son corps a présenté des signes de violence extrême et des blessures de balles de fusil de chasse dans le dos, selon un communiqué des autorités du gouvernement territorial indigène Mayangna Sauni Arungka-Matumbak.
Une exécution d’une extrême barbarie
Face à cet assassinat, les Mayangnas réclament justice à l’État du Nicaragua et une clarification des événements: “Le corps sans vie de Salomón López Smith présente une fracture de la boite crânienne, un visage dépecé, sans cheveux, les oreilles et les doigts de la main gauche mutilés, une fracture de la colonne vertébrale et de la main droite, mais également des blessures de fusil de chasse dans le dos et les doigts du pied droit ouvert, le résultat d’un acte criminel et de haine envers la vie d’un frère”, indique le communiqué.
Les autorités ont détaillé que Salomón López Smith était très reconnu parmi la nation Mayangna pour son humilité, ses principes de défense des terres communes, sa vocation pour le sport, et renommé au niveau international pour son militantisme envers les peuples indigènes d’Amérique latine.
Leader au soutien infaillible de sa communauté, “son héritage perdurera et sera commémoré, pour toujours, par les personnes issues du territoire Mayangna Sauni Arungka- Matumbak”, indique Amaru Ruiz, défenseur de l’environnement nicaraguayen.
Une lutte perpétuelle pour la défense de son territoire
Pour les leaders autochtones du Nicaragua, engagés pour la protection de l’environnement et des droits de leurs communautés, le danger semble permanent. En effet, des dizaines de personnes parmi les communautés Mayangna et Miskito du Nicaragua ont été assassinées ces dernières années dans des attaques imputées à d’anciens soldats reconvertis en agriculteurs et mineurs qui envahissent les terres indigènes bien que ces derniers aient obtenu la reconnaissance légale de leurs territoires il y a plus de dix ans. Aire pourtant protégée, la réserve Bosawas a été touchée à de nombreuses reprises par les exploitations minières et forestières illégales. La Fondation Del Río indique même que 60% du territoire des Mayangnas a été envahi par plus de 5000 colons depuis l’année 2015, déplaçant près de 3000 membres de la communauté indigène.
Alors que l’armée nicaraguayenne et la police nationale n’ont pas tout de suite reporté l’assassinat de Salomón López Smith, les activistes affirment que le gouvernement du Président Daniel Ortega n’en a pas suffisamment fait pour résoudre les problématiques liées aux droits des Mayangnas, ce que l’administration a nié. La plupart des défenseurs des peuples et ONG considèrent que ce discours nuit à l’environnement et menace la vie de ces populations, donnant un sentiment d’impunité aux groupes criminels qui envahissent régulièrement ces territoires.
Aujourd’hui le gouvernement tribal exige des enquêtes afin de rendre justice à toutes les victimes et ainsi protéger les droits des peuples autochtones. Les colons ravagent les réserves et des écosystèmes précieux, nécessaires à la vie des gardiens de la forêt, véritables trésors de biodiversité et remparts contre le dérèglement climatique. Ces envahisseurs sont devenus le virus le plus mortel pour les peuples indigènes en occupant illégalement leurs terres, et l’histoire de Salomón López Smith ne reste finalement qu’un événement de plus au sein d’une lutte perpétuelle pour la survie de la tribu Mayangna.
Redoublons ainsi d’effort pour montrer notre soutien, agir au quotidien et faire pression sur les dirigeants afin que sa disparition devienne un exemple et permette un renforcement des droits des peuples indigènes au Nicaragua.
Sources:
Nicaragua Actual : “Encuentran a comunitario mayangna sin vida y con señales de torturas crueles”
ABC News : “Indigenous leader killed, mutilated in Nicaragua”
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Article rédigé par Anthony Cicion