Alors que l’élevage intensif est la première cause de déforestation au Brésil, l’entreprise McDonald’s est à nouveau accusée d’encourager ce crime contre l’environnement en se fournissant auprès de sous-traitants ne respectant pas les normes imposées dans les zones supposées être certifiées.
McDonald’s au coeur d’une polémique environnementale
Le secteur de l’agro-alimentaire du Brésil poursuit aujourd’hui ses objectifs de rentabilité: produire toujours plus afin de répondre à une demande mondiale croissante, tout en occultant la question de l’écologie. En effet, une nouvelle enquête de Repórter Brasil, ONG créée pour dénoncer les récurrentes violations des droits fondamentaux des peuples et de la nature, met en cause les pratiques environnementales de nombreux fournisseurs de multinationales comme McDonald’s.
Ce rapport, étudiant les impacts relatifs à la viande de bœuf, au café, au jus d’orange mais également au soja utilisé dans l’alimentation des volailles, atteste que ces produits sont fournis par des sociétés connues pour leur antécédent en matière de déforestation. Outre l’utilisation de pesticides, Repórter Brasil pointe du doigt les entreprises d’abattage JBS, Minerva et Marfrig Global Foods qui achèteraient du bétail à des éleveurs qui, au moment de procéder aux ventes, déplacent les animaux de propriétés saisies pour manquement aux régulations environnementales jusqu’à d’autres terrains plus respectueux.
La déforestation illégale proviendrait ainsi par le biais de la fraude des fournisseurs, directs ou indirects, de bovins importés par McDonald’s. De leur côté, les grands exportateurs nient les faits et affirment avoir mis en place les normes les plus strictes possibles afin d’éliminer les principaux responsables de leur chaîne d’approvisionnement et, qu’au moment des achats, toutes les propriétés des fournisseurs mentionnés dans l’enquête étaient en conformité avec les protocoles environnementaux.
Les fournisseurs de café de McDonald’s sont également au cœur du rapport alarmiste de l’ONG brésilienne. La chaîne de restauration rapide déclare que 98,1% du café qu’elle utilise provient de sources durables, dont la plupart sont certifiées. Or, parmi ses fournisseurs, il existe des conglomérats de cafés certifiés qui présentent des antécédents d’infractions en matière d’écologie, comme celui du groupe Massimo Zanetti (Segafredo) dont l’exploitation brésilienne a perdu son label Rainforest Alliance en 2020 après avoir utilisé des pesticides dans des zones non autorisées.
Enfin, alors que McDonald’s atteste que le soja qui nourrit les volailles de ses restaurants provient de chaîne de production exemptes de déforestation, des rapports produits par l’organisation Chain Reaction Research font état d’une grande perte de couverture forestière dans certaines zones appartenant à SLC Agricola, l’un de ses fournisseurs. La société aurait déboisé plus de 4,6 mille hectares sur sa propriété au cours du seul premier semestre de l’année 2020.
Pour sa part, le géant du fast-food affirme avoir pris des mesures pour lutter contre la déforestation et que toute son attention est concentrée sur la conservation des forêts:
“McDonald’s attend un respect strict de son code de conduite de la part de ses fournisseurs. Nous avons pris des mesures pour combattre la déforestation dans l’ensemble de notre système, en nous engageant à l’éliminer de notre chaîne d’approvisionnement mondiale d’ici 2030.” Mais leur négligence, selon Repórter Brasil, prouve aujourd’hui le contraire.
Le géant de la restauration rapide mis en demeure en France
Depuis mars 2017, la législation française force, dans le cadre du devoir de vigilance, ses multinationales comme McDonald’s, y compris à l’étranger, à publier des objectifs pour prévenir les risques liés à leurs activités et les atteintes graves envers les droits humains et environnementaux. Or, l’entreprise n’a, à ce jour, publié aucun plan de vigilance, tant en France que chez ses sous-traitants brésiliens fournisseurs de boeuf, café, jus d’orange ou soja. C’est pourquoi McDonald’s France a été “mis en demeure”, le 29 mars 2022, et doit se conformer “dans les trois mois” à la loi.
La branche française du groupe indique n’avoir « pas été informée du contenu de ce rapport » et ne pas être « en mesure de le commenter sur le fond », avant de préciser prendre « les meilleures garanties en matière de lutte contre la déforestation, la préservation des droits humains et la protection de l’environnement” et conclut que “si malgré ces différents contrôles, des pratiques contrevenants à la réglementation en vigueur ou au cahier des charges étaient avérées, McDonald’s France prendrait immédiatement toutes les mesures nécessaires pour y remédier.”
Aujourd’hui, un hectare et demi de l’Amazonie est perdu à chaque seconde par des incendies ou des coupes, et l’industrie de la viande reste le principal facteur de cette déforestation. Réservoir de carbone vital et véritable trésor environnemental, elle est défrichée pour les pâturages du bétail et la culture fourragère, et son état actuel témoigne de l’urgence absolue de la situation. La politique dévastatrice du gouvernement brésilien et le manque de vigilance de multinationales comme McDonald’s font de cette forêt tropicale un enjeu majeur pour ses habitants, sa biodiversité, et plus encore pour la planète entière.
Alors ensemble, mobilisons-nous pour transformer notre système alimentaire, faire pression sur les gouvernements et les géants de ce monde, et ainsi mettre un terme définitif à la déforestation illégale en Amérique du Sud !
Sources :
Autres Brésils : Au Brésil, McDonald’s fait appel à des fournisseurs liés à la déforestation illégale et au travail forcé”
Repórter Brasil : McDonald’s tem fornecedores ligados a desmatamento ilegal trabalho escravo”
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Article rédigé par Anthony Cicion