Une enquête révèle la terrible progression de l’exploitation minière en Amazonie brésilienne


L’enquête de l’Alliance pour la Défense des Territoires offre un éclairage inédit sur la catastrophe humanitaire et écologique liée à l’extraction à outrance des ressources en terres indigènes. L’initiative de cette jeune alliance, qui rassemble les peuples Yanomani, Munduruku et Kayapó, permet aux peuples indigènes de partager leurs savoirs et de défendre leurs droits. Planète Amazone se fait l’écho des voix indigènes et exige des actions fortes de la part des institutions brésiliennes.

Le groupe autochtone de Munduruku compte environ 14 000 personnes et son territoire s’étend le long de la rivière Tapajós. Cette communauté vit principalement de la pêche, de la chasse, des fruits et d’açaí, une petite baie. Son alimentation et sa survie dépendent donc directement d’une rivière massivement polluée par l’exploitation minière illégale.


Exploitation aurifère dans les terres du peuple Munduruku en Amazonie brésilienne

Crédits photo : © Ibama

En Amazonie, l’exploitation minière des terres indigènes a augmenté de 495% entre 2010 et 2020. Ce constat terrible est le fruit d’une enquête inédite produite par une alliance de peuples indigènes Yanomami, Munduruku et Kayapó, l’Alliance pour la Défense des Territoires. Rendu public le jeudi 16 mars 2023, le rapport, intitulé « Terra Rasgada : comment l’exploitation minière avance en Amazonie brésilienne », a été remis à plusieurs institutions brésiliennes afin de les inciter à prendre des mesures.

 

Une menace pour les droits et la vie des peuples indigènes

Les prospections minières illégales ont triplé entre 2019 et 2020. Celles-ci constituent une violation des droits à la terre et à l’autodétermination des peuples indigènes. En effet, cette pratique menace la santé, l’accès aux ressources et les traditions culturelles de ces populations.

Le rapport mentionne également l’orpaillage, une méthode d’extraction de l’or. Elle conduit à un rejet massif de mercure dans les cours d’eau qui alimentent les ressources naturelles des populations locales. Cela provoque de nombreuses maladies et infections, notamment responsable du décès de 600 enfants Yanomami entre 2018 et 2022. 

 

Les institutions brésiliennes mises en cause 

Pour expliquer la progression de l’exploitation minière des terres indigènes, le rapport pointe du doigt les responsables politiques brésiliens, en particulier Jair Bolsonaro. Il critique aussi les institutions du pays, parmi lesquelles l’Agence Nationale des Mines, la Banque Centrale brésilienne ou encore les syndicats, qui n’ont pas suffisamment encadré les entreprises et les investisseurs. L’Alliance pour la Défense des Territoires dénonce leur laxisme pour limiter le trafic et le blanchiment d’argent ainsi que l’exportation illégale d’or. À tel point que la commercialisation d’or illégal a dépassé celle de l’or légal en 2019 et 2020 dans certains États brésiliens extracteurs, selon le rapport. 

 

Une solution systémique est nécessaire

« Il ne suffit pas de simplement mettre des équipes sur le terrain et de détruire des engins : l’organisation criminelle derrière l’exploitation minière doit être effectivement démantelée et l’utilisation d’équipements logistiques qui soutiennent l’acte illicite irréalisable », expliquent les auteurs de l’enquête.

Afin de limiter définitivement et fermement ces violations illégitimes, un travail interministériel et interinstitutionnel est impératif. L’État doit protéger la propriété des terres indigènes et reprendre le contrôle de la chaîne de production et de commercialisation de l’or. Ainsi, le rapport rédigé par l’Alliance indigène propose plusieurs actions pour enrayer ce fléau. Il faut commencer par mettre en œuvre les dispositifs d’inspection et de contrôle prévus par la loi et réaliser des recherches avant d’octroyer des licences…

« Le rapport montre comment le gouvernement peut vraiment lutter contre l’exploitation minière, de la protection totale des territoires indigènes, en passant par la chaîne de l’or jusqu’à la commercialisation », déclare un dirigeant kayapó qui préfère ne pas être identifié pour sa sécurité. Le nouveau président Lula et son gouvernement ont une nouvelle opportunité de prouver leur engagement envers les peuples indigènes et la protection de la nature. Le Brésil doit impérativement reprendre le contrôle de l’extraction minière !

 

Sources :

Instituto Socioambiental : Dossiê inédito explica avanço do garimpo na Amazônia

Le Monde : Environnement : le grand saccage des années Bolsonaro au Brésil

 

A lire également sur Planète Amazone :

https://planeteamazone.org/actualites/la-demarcation-une-necessite-pour-la-survie-des-peuples-indigenes-et-la-protection-de-la-nature/

https://planeteamazone.org/actualites/peuple-yanomami-pres-de-600-enfants-decedes-durant-le-mandat-de-bolsonaro/

 

Article rédigé par Quentin Moreau pour Planète Amazone



Mis a jour le 2024-09-05 18:03:45

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