Brésil : un avis d’expulsion fait craindre un massacre pour les Guarani-Kaïowás !


Une nouvelle urgente nous a été communiquée cette semaine par notre alliée et amie, la grande cheffe Valdelice Veron, nous alertant d’une très grave menace pesant sur son peuple Guarani-Kaïowá. Les massacres et expulsions forcées relèvent d’une vraie tentative de génocide. Il est plus que jamais essentiel  de partager l’information pour que les violences ne restent pas impunies et pour que le cri des Guarani-Kaïowás, peuple le plus martyrisé du Brésil et pour lequel Planète Amazone a déposé une plainte à la Cour Pénale Internationale en 2015, ne soit plus jamais  réduit au silence. Le Brésil doit ainsi respecter ses engagements quant aux droits autochtones, et en particulier le droit de la terre, par la délimitation urgente des territoires, afin que les Guarani-Kaïowás retrouvent leur autonomie économique, améliorent leur situation alimentaire sur le long terme et maintiennent leurs traditions culturelles ancestrales.

Une large communauté du peuple Guarani-Kaïowá, basé dans l’Etat du Mato Grosso do Sul au Brésil, craint le pire, après la décision de la Cour fédérale de Naviraí, tombée le lundi 18 avril 2022, ordonnant l’expulsion des 37 familles indigènes vivant sur leur terre traditionnelle de Mboreviry. La décision impose la reprise de possession en faveur de la société Petrópolis Group, producteur de bière, dans un délai de dix jours. La tragédie des Guarani-Kaïowás continue et cette nouvelle décision pourrait donner lieu à un véritable massacre.


Photo : Ruy Sposati/Cimi Regional Mato Grosso do Sul

*Article modifié le 1er mai 2022

Les menaces qui pèsent sur la communauté des Guarani-Kaïowás depuis ce lundi 18 avril sont extrêmement graves : un avis d’expulsion leur donne dix   jours pour quitter  la terre de Mboveriry. L’usage de la force a été  autorisé, ce qui laisse supposer qu’un massacre est sur le point d’arriver. Ce territoire, considéré comme traditionnel et sacré par les peuples indigènes, a pour vocation d’être réduit à néant  par le groupe industriel. 

Un usage de la force autorisé et privilégié

La décision de la Cour fédérale de Naviraí/MS est d’autant plus préoccupante qu’elle détermine que la reprise de possession contre les indigènes “ne viole pas” les décisions de la Cour suprême fédérale (STF) qui a suspendu en 2020 les expulsions contre les communautés indigènes pendant la pandémie. La Cour fédérale de Naviraí fait ainsi affront à la décision de la Cour suprême fédérale. Autre élément extrêmement inquiétant : la Cour fédérale se dit “autorisée à faire usage de la force policière” et la police fédérale et militaire et la municipalité doivent être prévenues pour aider à la reprise de possession forcée, si nécessaire.

Les Guaranis et les Kaïowás craignent une expulsion violente de la communauté qui vit dans une situation de vulnérabilité. Même menacé d’expulsion, le groupe continue de se battre  pour la démarcation du territoire et fera appel de la décision de la Cour fédérale. 

“Avant même que les dix  jours  [pour l’expulsion] soient écoulés, ils ont déjà mis le feu dans la cuisine où nous préparons la nourriture pour les enfants. Avant même que les troupes de choc n’arrivent, les « pistoleiros », qui arrivent toujours en premiers, sont violents : massacres, violence physique, psychologique” s’inquiète Valdelice Veron.

Il est plus que jamais primordial  de partager ce message de la porte-parole du peuple indigène Guarani-Kaïowá car il en va de la survie d’un groupe qui veille vaillamment sur le poumon de notre planète: “Nous demandons à ce que la société, le peuple, nous entendent”.

 

Un territoire traditionnel pour les Guarani-Kaïowas

La terre de Mboveriry, concernée par l’avis d’expulsion, est un territoire traditionnel du peuple Guarani-Kaïowá. Elle contient une zone de prière mais également  un cimetière où sont enterrés des membres appartenant aux familles de la communauté. La tribu lutte ainsi perpétuellement pour l’héritage de ses ancêtres. Discriminée par les autorités brésiliennes et vulnérable face aux propriétaires terriens qui y installent leurs cultures intensives, elle a presque totalement abandonné ses activités traditionnelles (chasse, pêche, cueillette et agriculture vivrière) et dépendent dès lors de l’aide alimentaire distribuée aléatoirement par les pouvoirs publics. 

“C’est une terre traditionnelle, dans laquelle  il y a une histoire, une mémoire collective vivante, un lieu sacré pour les connaissances du peuple Guarani-Kaïowá” nous indique Valdelice Veron dans un échange avec Gert Peter-Bruch, président de Planète Amazone.

La terre Mboveriry (qui signifie “terre sacrée des fourmiliers”), était aussi un sanctuaire pour de nombreux fourmiliers, mais « l’agro-industrie, le commerce, les a presque tous exterminés, il y en a très peu désormais » nous a confié la représentante des Guarani-Kaïowás. Selon  elle, cette décision d’expulsion est dangereuse pour les 37 familles indigènes qui y habitent mais également pour la biodiversité : la forêt, la rivière et les êtres vivants sont tous menacés de destruction.

Profondément affaiblis après avoir perdu plus de 90% de leur territoire en un siècle, les  indigènes ont repris possession de ces terres à la fin de l’année 2021, en se basant sur la mémoire et les propos rapportés par leurs aînés, qui rappellent que la zone a toujours été fréquentée et utilisée par les Guarani-Kaïowás de la région. L’État du Mato Grosso do Sul restent néanmoins le plus productif du Brésil en termes d’élevage et de culture de biocarburants, et les propriétaires terriens qui sont à l’origine des expulsions forcées continuent aujourd’hui de bénéficier d’une impunité totale de la part du gouvernement de Jair Bolsonaro. 

Mis à jour le 1er mai 2022 : la décision suspendue

La décision demandant l’expulsion des Guarani-Kaïowas a été suspendue par le tribunal fédéral suprême ! Cette demande avait été formulée le lundi 18 avril 2022. Depuis, les Guarani-Kaïowas de Mboreviry craignaient une intervention violente et un massacre. La suspension a été accueillie comme un soulagement.
Dans cette vidéo, un des membres de la communauté Guarani-Kaïowas remercie les guerriers et les guerrières, les leaders et tous ceux qui ont contribué à faire passer le message. La vidéo nous a été partagée par notre amie et alliée Valdélice Véron.

 

À lire aussi sur le site de Planète Amazone: 

Répit pour la terre du peuple GUARANI-KAIOWÁ et pour les indigènes au Brésil

Planète Amazone, 2012 – 2022 : dix ans à construire le futur avec les Gardiens de la Nature

Signez l’appel : l’Europe doit protéger l’Amazonie, pas tirer profit de son écocide!

Source :

CIMI, Após decisão judicial, indígenas Guarani e Kaiowá temem despejo violento em Naviraí (MS)


Article rédigé par Emmanuelle Palla en collaboration avec Anthony Cicion
Traduit par Anne-Sophie Fernandez.



Mis a jour le 2024-03-23 14:49:41

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