par FELIPE BETIM
São Paulo – 4 AOUT 2020 – 14 : 36 HAEC
« Cher(e)s ami(e)s de Pedro Casaldáliga, nous vous informons que l’évêque a été admis à l’hôpital de São Félix do Araguaia en raison de problèmes respiratoires. Casaldáliga est très affaibli par la maladie de Parkinson dont il souffre depuis des années et par son âge avancé. Son test du Covid-19 s’est avéré négatif, mais son état de santé est très grave ». Grâce à ce message publié sur son site, les organisations ANSA et Araguaia, conjointement avec l’évêque Casaldáliga, ont informé la population de l’état du religieux catalan de 92 ans, qui depuis 1968 travaille au Brésil en faveur des droits des indigènes et des paysans sans terre, une situation qui l’a conduit à de nombreux conflits avec les grands propriétaires et les multinationales. « Pedro fait toujours l’objet d’une surveillance et de bons soins », ajoute l’article.
Les apparitions publiques de l’évêque émérite de São Félix do Araguaia devenaient de plus en plus rares en raison de l’aggravation de la maladie de Parkinson et de ses difficultés croissantes d’élocution et de coordination motrice. Fils de paysans de la commune catalane de Balsareny (son nom en catalan est Pere Casaldàliga), clarétain et ordonné prêtre en Espagne, il est arrivé au Brésil en tant que missionnaire en 1968 pour fuir le franquisme. En 1971, il a été nommé premier évêque du diocèse et sa petite et modeste maison rurale est devenue son QG.
La même année, il intitula sa première lettre pastorale : « Uma igreja da Amazônia em conflito com o latifúndio e a marginalização social » (« Une église d’Amazonie opposée aux grands propriétaires et à la marginalisation sociale »). Le ton marquera ses actions des années suivantes dans la région. Il devint la référence internationale dans la lutte pour les droits de l’Homme en Amazonie et il est à présent connu sous le nom de l’évêque du peuple. Ses ennemis ont tout de suite préféré l’appeler l’évêque rouge, à cause de son lien avec la gauche politique.
Casaldáliga a toujours défendu une église dotée d’un fort engagement social, et est devenu l’une des icônes de la Théologie de la Libération. Avec son style spartiate, il se heurta à la dictature militaire mais également au secteur plus conservateur de l’Église catholique. Parce qu’il est devenu l’un des principaux religieux de l’opposition au régime militaire, il fut persécuté et menacé de mort en diverses occasions. Il n’est jamais retourné dans sa terre natale par peur de sortir du Brésil et que les militaires l’empêchent de revenir. Il fut également l’un des fondateurs du Conseil indigéniste missionnaire (CIMI) et de la Commission pastorale de la terre (CPT) de l’Église catholique.
La construction de jardins, l’élaboration de jus et l’amélioration des systèmes de santé des personnes les plus vulnérables font partie des quelques lignes d’action des associations. Ces dernières répandent par ailleurs les causes et le message de Casaldáliga, réunis dans des dizaines de publications et œuvres audiovisuelles. « Pedro Casaldáliga a fêté ses 92 ans en février dernier. Après avoir vécu plus de 50 ans en Amazonie brésilienne, il n’est jamais retourné dans sa Catalogne natale et il vit encore à São Félix do Araguaia. Cependant, aujourd’hui, ‘son’ peuple veille sur lui », rapporte son site.
© El País, 4 août 2020, traduit du portugais par Sophie Pires – Article original