Pour lutter contre l’orpaillage, il y a 14 ans a été lancée l’opération militaire Harpie qui lutte contre l’orpaillage clandestin en Guyane. L’opération coûte 70 millions d’euros par an à l’État Français, alors que des centaines de sites d’orpaillage continuent à exister, ce qui pose la question de l’efficacité de la mission Harpie. Un récent rapport de l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM) revient sur cette difficile opération.
Le terme “Harpie” désigne le nom d’un aigle des forêts tropicales, connu pour sa stature imposante et féroce. L’opération Harpie a vu le jour en 2008, alors que les forces armées de Guyane se sont engagées en soutien de la gendarmerie nationale dans la lutte contre l’orpaillage clandestin. Cette pratique représenterait une exfiltration de 5 à 10 tonnes d’or par an, c’est-à-dire une sortie d’argent du territoire d’outre-mer de 250 à 500 millions d’euros. De plus, selon un rapport du WWF, entre 2001 et 2018, ce seraient 157 000 hectares de forêt qui auraient été détruits par l’orpaillage clandestin. L’IRSEM et l’Institut des Amériques ont ainsi sorti ce mois-ci une étude intitulée : « Avantages et limites de l’utilisation des forces armées dans la répression d’une activité illégale. L’opération Harpie et l’orpaillage clandestin en Guyane française ».
Cette étude explique la difficulté des forces françaises à lutter contre l’orpaillage face à des orpailleurs violents, dans un environnement hostile. Pourtant, en 2018, les gendarmes avaient accompli l’exploit de saisir 26 millions d’euros de matériel, de détruire 765 sites d’orpaillage illégal, et de saisir 120 kg de mercure et 5 kg d’or. Mais la lutte est de plus en plus difficile. La forêt amazonienne guyanaise est dense, le climat y est difficile, et de nombreuses espèces dangereuses l’habitent, ce qui rend l’opération Harpie éprouvante pour les hommes déployés sur le terrain. Ainsi, 9 soldats ont perdu la vie entre 2008 et 2021, dont trois au cours d’actions de combat, détaille le rapport.
Face à ce drame, le rapport propose des interventions directes et indirectes fondées sur des négociations avec les pays voisins, indiquant la création d’un nouveau corps rattaché à une administration publique qui aurait un véritable pouvoir sur les activités minières illégales. Il suggère aussi une meilleure coopération pour rendre le mercure moins facilement accessible et compliquer la vie des orpailleurs.
Ce qui est certain, c’est que la lutte contre l’orpaillage en territoire français ne fait que commencer !
Sources :
Orpaillage clandestin en Guyane : quel avenir pour l’opération Harpie ? | Outremers360
L’opération Harpie, une mission à risques pour les militaires
Pour en savoir plus :
BRÉSIL : Bolsonaro veut développer l’orpaillage en Amazonie – Planète Amazone (planeteamazone.org)
Article rédigé par Charlotte Girard