Plusieurs écoles de samba, dont Unidos da Tijuca ou Gavioes da Fiel ont profité de leur défilé afin de dénoncer les violences que subissent quotidiennement les peuples indigènes et le non-respect de leurs droits. Une pancarte tenue par des danseurs, où était écrit “Brésil, terre indigène” a même été brandit symboliquement afin de rappeler aux spectateurs la légitimité de la lutte de ces peuples.
Dénonciation d’un projet de loi autorisant l’exploitation minière sur les terres indigènes lors du défilé de l’école Unidos da Tijuca
La célèbre école de samba Unidos da Tijuca a profité de son défilé afin de critiquer le projet de loi PL 191/2020, qui prévoit d’autoriser l’exploitation minière sur des terres indigènes démarquées (voir notre article afin d’en savoir plus sur ce sujet).
Ce projet de loi a déjà été transmis au Congrès brésilien et risque d’être adopté incessamment sous peu. La guerre en Ukraine a été l’occasion pour le gouvernement de Bolsonaro de décréter un régime d’urgence pour accélérer l’adoption de cette loi, prétextant la nécessité d’explorer les réserves de potassium utilisées dans la fabrication d’engrais, pour pallier une éventuelle pénurie du minerai.
Une étude réalisée par l’Université Fédérale du Minas Gerais (UFMG) a pourtant démenti cette soi-disant “nécessité” d’exploiter les réserves se trouvant sur des terres appartenant aux peuples indigènes. En effet, seulement 11% des gisements de potassium se trouveraient actuellement sur ces terres, soit un chiffre minime qui ne risquera pas de rendre le Brésil autosuffisant dans la fabrication d’engrais mais qui risque surtout de fragiliser davantage les peuples indigènes, qui souffrent déjà de nombreux préjudices sur leurs territoires (déforestation, orpaillage illégal …).
Au-delà de la dénonciation, les chars de l’école Unidos da Tijuca ont aussi rendu hommage aux peuples indigènes, notamment au peuple Satéré-Mawé, en mettant en scène une légende dont le personnage principal est un enfant.
À Sao Paulo, les revendications des peuples indigènes se sont invitées dans la mise en scène de l’école des Gaviões da Fiel
À São Paulo, l’école des Gaviões da Fiel a marqué le coup en faisant un défilé basé sur la protestation sociale, dénonçant les diverses inégalités sociales qui touchent le Brésil. Les peuples indigènes ont eux aussi été représentés, ainsi que leur lutte constante pour la défense de leurs droits. L’un des chars de l’école a notamment simulé l’incendie d’une forêt, montrant ainsi le désastre environnemental qui se passe actuellement au Brésil. Le défilé a également rendu hommage au cacique Raoni, qui n’a pas pu être présent lors du carnaval. Plusieurs autres chefs indigènes s’y sont néanmoins rendus, ainsi que Sonia Guajajara, activiste et coordinatrice exécutive de l’Articulation des Peuples Indigènes au Brésil (voir notre article à ce propos).
Carnaval de Lutas! Depois de desfilar na X9 ao lado de várias lideranças indígenas, acabo de participar do desfile da @gavioesoficial em que a luta indígena teve destaque meio ao tema da Desigualdade Social, do qual tratou a escola. Obrigada por fortalecer a nossa luta Gaviões! pic.twitter.com/FnolZpi8Lu
— Sonia Guajajara (@GuajajaraSonia) April 24, 2022
Sonia Guajajara, cheffe de file de l’Articulation des Peuples Indigènes au Brésil, a participé au défilé de l’école Gaviões da Fiel
Sources :
G1 Globo : “Último carro da Unidos da Tijuca trouxe crítica a projeto do governo Bolsonaro que autoriza mineração em terras indígenas”
Twitter : Sonia Guajajara
G1 Globo : “Escola de samba retrata fila dos ossinhos de Cuiabá e homenageia cacique Raoni em carnaval de SP”
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Article rédigé par Maud Laurent