Le président Lula a signé, mercredi 4 décembre, le décret d’homologation de la terre indigène Potiguara de Monte-Mor, à Paraíba. L’acte a eu lieu lors d’une cérémonie privée au Palácio do Planalto. En plus des dirigeants communautaires, les ministres du gouvernement ont également participé à l’ordre du jour.
L’homologation intervient plus de vingt ans après le début des négociations pour la reconnaissance du territoire. C’est dire que la lutte des peuples indigènes pour la reconnaissance de leurs droits est difficile et rencontre de fortes oppositions. Située entre les municipalités de Marcação et Rio Tinto, la zone compte plus de 7 500 hectares et abrite environ 7 000 indigènes dans six villages. Deux autres territoires indigènes ont également été reconnus ce mercredi : Morro dos Cavalos et Toldo Imbu, tous deux à Santa Catarina.
Au cours des 18 premiers mois du gouvernement Lula, la Funai a repris les processus de régularisation foncière après six ans d’arrêt. Au cours de cette période, 14 processus de démarcation des terres indigènes ont été envoyés pour approbation au président Lula, dont 13 ont déjà été approuvés. Mais il y a encore à ce jour plus de 145 terres à l’étude pour délimitation, les processus de démarcations sont très lents, combattus par les tenants de la thèse du Marco Temporal très actifs et majoritaires au parlement.
Pendant ce temps, les peuples indigènes subissent les assauts violents des propriétaires terriens qui tentent de les expulser de leurs territoires pour étendre leurs plantations, sont empoisonnés par le mercure que les orpailleurs illégaux déversent dans les rivières. Ils sont empêchés de vivre selon leurs traditions et leurs coutumes et menacés par la déforestation qui détruit leur environnement avec lequel ils ont des liens sacrés.
Conclusion de l’accord de libre échange entre l’UE et le Mercosur
Paradoxe absolu ! Le président Lula participe, parallèlement à la démarcation de ces 3 nouveaux territoires, à l’accélération de la signature de l’accord UE-Mercosur, qui menace l’intégrité des terres indigènes.
Le Mercosur (Mercado Comun del Cono Sur, Marché commun du Sud) et l’Union européenne (UE) ont conclu « les négociations en vue d’un accord » de libre-échange, a annoncé vendredi 6 décembre à Montevideo la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président argentin, Javier Milei, le président uruguayen, Luis Lacalle Pou, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, et le président paraguayen, Santiago Peña, ont franchi une nouvelle étape lors du sommet du Mercosur à Montevideo, en Uruguay.
Cet accord vise à supprimer la quasi-totalité des droits de douane appliqués aux échanges commerciaux entre l’UE et le Mercosur (le marché commun qui réunit le Brésil, l’Argentine, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie). Les détracteurs de l’accord craignent, à juste titre, que favoriser les échanges commerciaux nuise à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et à la lutte climatique.
En effet, l’augmentation des quotas d’exportation de bovins vers l’Europe pourrait notamment pousser les pays du Mercosur (Brésil en tête) à augmenter leurs capacités de production, ce qui nécessiterait de créer des pâturages en déboisant la forêt amazonienne et en détruisant des territoires indigènes.
Dans un rapport rendu au gouvernement français en 2020, une commission d’experts dirigée par l’économiste de l’environnement Stefan Ambec avait estimé que ce traité commercial pourrait augmenter de 5 % le rythme de la déforestation pendant les six années suivant son entrée en vigueur, soit un total de 700 000 hectares.
L’investissement du président Lula et sa participation très active dans les négociations des nouveaux accords commerciaux entre l’UE et le Mercosur traduisent sans aucun doute sa volonté politique de soutenir envers et contre tout les intérêts économiques au dépend de la protection de l’Amazonie, des peuples indigènes et de la reconnaissance de leurs terres.
Ce ne sont pas ces quelques démarcation supplémentaires homologuées deux jours avant la réunion sur le Mercosur qui peuvent convaincre les peuples indigènes et tout ceux qui les soutiennent dont Planète Amazone, de sa détermination, affichée au moment de son élection, de démarquer TOUTES les terres indigènes d’ici la fin de son mandat. Dans notre film, “Amazonia, Coeur de la Terre Mère”, il s’y était pourtant clairement engagé. Force est de constater que nous en sommes bien loin…
Source :
Le Monde, Accord UE-Mercosur
Carta Capital, Lula délimite trois autres terres indigènes
Lire sur notre site pour en savoir plus : la démarcation des terres indigènes
Article rédigé par Laetitia Forestier pour Planète Amazone