Il y a quelques jours à peine, Jair Bolsonaro, pourtant encore hospitalisé, avait partagé une vidéo provocante de cette indigène autonome, qui ne parle qu’en son nom propre mais qui est fort appréciée des bolsonaristes en raison de sa forte activité controversée (et souvent très vulgaire) sur les réseaux sociaux. Dans la vidéo postée par Bolsonaro sur sa page facebook, Ysani Kalapalo expliquait que les feux du Xingú étaient provoqués par les indigènes eux-mêmes, affairés à brûler la forêt afin de préparer le sol pour des plantations traditionnelles. Cette pratique existe bien, mais dans des proportions extrêmement ténues, aussi, lui attribuer la responsabilité de l’augmentation hallucinante des feux en Amazonie est grotesque. La vidéo était également l’occasion d’un dénigrement en bonne et due forme du cacique Raoni Metuktire, actuellement à New York, tout comme Greta Thunberg. Cette manœuvre s’apparente à une pitoyable riposte, suite au soutien du président français Emmanuel Macron au célèbre chef amazonien, qui a fortement irrité Bolsonaro et la presse brésilienne ces dernières semaines.
Dans une vidéo sur Facebook, étonnamment sous-titrée en anglais,
la jeune indigène Ysani Kalapalo s’en prend au cacique Raoni
en adoptant les éléments de langage du président Bolsonaro
pour parler des feux de forêt en Amazonie.
Cependant, l’affaire est prise très au sérieux. Ainsi, une dénonciation très ferme de la plupart des chefs du Xingú a commencé à circuler le 21 septembre sur les réseaux sociaux. Les représentants des 16 peuples de la région s’indignent de l’instrumentalisation par le président “d’une indigène qui se répand constamment dans les réseaux sociaux avec pour objectif unique de déshonorer et de démoraliser les représentants et le mouvement indigènes du Brésil.”
Cinglante, la déclaration se conclut ainsi :
“Le gouvernement brésilien ne se contente plus d’attaquer les peuples indigènes, il veut maintenant légitimer sa politique anti-indigène en utilisant une indigène autonome sympathisante de ses idéologies radicales, avec l’intention de convaincre la communauté internationale au sujet de sa politique colonialiste et ethnocidaire.
Nous n’acceptons pas et n’accepterons jamais que le gouvernement brésilien indique de son propre chef qui doit nous représenter, sans nous consulter par le biais de nos organisations et autorités reconnues et respectées par nous-mêmes.”
Lettre des représentants du Territoire Indigène du Xingú
dénonçant l’instrumentalisation d’Ysani Kalapalo par le président Bolsonaro.
(Cliquer sur l’image pour afficher la version en résolution maximale.)
Cette affaire sordide montre une fois encore le mépris sans limite que l’actuel chef de l’Etat brésilien porte aux peuples indigènes, qu’il a promis de transformer en citoyens comme les autres… de gré ou de force.