Une pression internationale
Face à la pression internationale de pays comme le Brésil, les États-Unis, ainsi que certains États membres de l’Union européenne tels que l’Allemagne, la Commission européenne a cédé, retardant une loi qui visait à interdire la vente sur le marché européen de produits issus de terres déboisées après 2020, tels que le soja, l’huile de palme, le café et le bois. Ce report, approuvé jeudi par le Parlement européen grâce à une alliance des voix de droite et d’extrême droite, est perçu comme une victoire pour les industries agroalimentaires qui considéraient cette législation comme un frein à leur compétitivité. À gauche et chez une partie des centristes, on y voit une tentative de saboter l’élan environnemental de la précédente législature marquée par le Pacte vert. Initialement prévue pour entrer en vigueur le 30 décembre 2024 (avec un délai supplémentaire de deux ans pour les PME, jusqu’en juin 2025), cette loi finalisée fin 2022 après de longues négociations, devait marquer un tournant majeur dans la politique environnementale de l’Europe. Cependant, elle a suscité une levée de boucliers de la part des milieux d’affaires, notamment de l’agrobusiness, ainsi que des États africains, asiatiques et sud-américains, inquiets des coûts supplémentaires pour les agriculteurs, éleveurs et exploitants forestiers.
Recul des engagements climatiques de l’Europe
En repoussant l’application de cette législation, l’Union européenne envoie un signal préoccupant quant à ses engagements climatiques. Ce délai risque de nuire gravement à la biodiversité et à la lutte contre le changement climatique, alors que les taux de déforestation continuent d’augmenter, notamment en Amazonie. Selon l’Organisation des Nations unies 420 millions d’hectares de forêts ont été détruits pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) entre 1990 et 2020. Les organisations écologistes, dont Planète Amazone, redoutent que ce report affaiblisse d’autres initiatives environnementales futures. La déforestation reste l’une des principales causes de perte de biodiversité et un facteur clé du réchauffement climatique, ce qui rend indispensable une action urgente pour enrayer cette crise écologique. Cette décision intervient en parallèle des débats concernant la signature d’un accord de libre-échange (soutenue par l’Union Européenne) avec les pays latino-américains du Mercosur, susceptible de démultiplier les importations agricoles
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Article écrit par Lou Linh GUY pour Planète Amazone