Les peuples indigènes toujours en danger sous le président Lula


L’agression contre la communauté Avá-Guarani du vendredi 3 janvier 2025 révèle une fois de plus la violence systématique subie par les peuples indigènes au Brésil. Planète Amazone s’inquiète du manque de volonté politique de remédier à cette poursuite des violences contres les communautés indigènes dans un contexte où les conflits fonciers et l’impunité des groupes armés continuent de s’aggraver.

Depuis 2023, le président brésilien Lula da Silva peine à défendre les peuples indigènes face à un Congrès dominé par des intérêts agro-industriels. La loi du « marco temporal » limite leurs droits fonciers tandis que les violences, comme les attaques récentes contre les Avá-Guarani, se multiplient. Les ONG encouragent à une mobilisation internationale pour protéger ces communautés et leurs territoires.


Pont sur la grande rivière (Rio Pardo, Barretos, Guaira) : Istock Gustavo Asciutti

Un avenir incertain pour les peuples indigènes

Depuis son retour au pouvoir en janvier 2023, Lula da Silva a tenté de répondre aux besoins en créant un ministère des peuples indigènes. Cependant, il est confronté à un Congrès dominé par des factions de droite et des intérêts agro-industriels, rendant difficile la mise en œuvre de réformes significatives. À ce jour, seulement une dizaine de nouvelles terres indigènes ont été homologuées, bien en deçà des attentes suscitées par ses promesses électorales. En 2023, plus de 208 assassinats de leaders indigènes ont été recensés par le Conseil Missionnaire Indigène (CIMI). Ces chiffres s’inscrivent dans une tendance inquiétante, alimentée par des conflits fonciers, le crime organisé et l’expansion de l’agro-industrie. Les territoires indigènes, pourtant protégés par la Constitution brésilienne, sont convoités par des fazendeiros (propriétaires terriens), chercheurs d’or, et exploitants agricoles.

Le 19 décembre 2024, des organisations comme Autres Brésils, France Amérique Latine et le CRID ont adressé une lettre ouverte à Lula à l’ambassade du Brésil à Paris. Soutenues par des entités de défense des droits humains et environnementaux, elles ont exprimé leurs inquiétudes concernant la situation des Guarani-Kaiowá et des Terena, victimes de violences. Ces actions symboliques reflètent l’urgence d’une protection renforcée face aux menaces omniprésentes.

 

Encore une attaque armée à Guaíra

Vendredi 3 janvier 2025, vers 21 heures, des hommes masqués ont envahi le village du Paraná, situé à Guaíra à la frontière entre le Brésil et le Paraguay. Armés de pistolets et de fusils de chasse, les tirs ont touché quatre personnes dont deux enfants de 7 ans et de 14 ans. Les deux autres victimes, des hommes âgés de 25 et 28 ans, restent hospitalisées dans un état critique. La communauté, située à seulement 5 km du centre-ville et du siège de la Police fédérale, a signalé que cette attaque était la quatrième en une semaine. Au début de l’année, une maison avait déjà été incendiée au même endroit. L’adolescent blessé lors de l’attaque a déjà été libéré de l’hôpital, tandis que le garçon de 7 ans, touché à la jambe, a pu rentrer chez lui dans les bras de son père. Les deux adultes grièvement blessés restent hospitalisés à 100 km de leur village.

Les indigènes dénoncent un climat de terreur persistant. “Ces attaques ont toujours lieu la nuit, à des points stratégiques où la Force Nationale n’est pas présente”, a déclaré un représentant indigène d’Okaju. Face à la pression de la communauté internationale et des ONG comme Planète Amazone, le ministère de la Justice a annoncé une augmentation de 50 % des effectifs de la Force Nationale dans la région. Pourtant, les Avá-Guarani restent sceptiques quant à l’efficacité de ces mesures. Nous nous trouvons à une époque où nous n’avons aucune sécurité. Le plus inquiétant est que nous ne savons pas quelle sera la prochaine maison, déplore Vilma Vera, représentante de la Commission des femmes autochtones. Selon les autorités, la police fédérale a ouvert une enquête, mais aucun suspect n’a encore été identifié. Ce nouvel épisode de violence s’inscrit dans un conflit historique entre agriculteurs et peuples indigènes sur la propriété des terres. Pour les communautés, cette lutte va bien au-delà des questions foncières : elle est une bataille pour leur survie et celle des écosystèmes qu’elles protègent au péril de leur vie.

 

 Un enjeu politique et social en lien avec le Marco Temporal

En 2023, l’adoption de la loi controversée PL 490, inspirée de la thèse juridique du « Marco Temporal », a exacerbé la situation pour les peuples indigènes du Brésil. Ce principe limite la reconnaissance des terres indigènes à celles occupées en 1988, date de la promulgation de la Constitution, ignorant les siècles de déplacements forcés. Cette loi, jugée anticonstitutionnelle par la Cour Suprême brésilienne, réduit grandement le nombre de terres démarquables. Cela crée un climat d’incertitude juridique qui accroît les risques de violence envers les communautés indigènes.

Pour les peuples indigènes, ce combat dépasse les questions foncières : il s’agit de préserver leur culture et les écosystèmes qu’ils protègent. Alors que Lula avait promis de placer la défense de l’Amazonie et des populations autochtones au cœur de son agenda, les attaques répétées comme celles subies par les Avá-Guarani rappellent l’ampleur du chemin à parcourir. Les ONG, comme Planète Amazone, appellent à une mobilisation internationale pour garantir leur survie et protéger les territoires menacés.

 

Sources :

Article sur l’attaque armée au village de Paraná : https://shorturl.at/EUobA 

Article Libération sur les violences contre les peuples indigènes : https://shorturl.at/aJ45z 

Article Le Monde sur les violences contre les peuples indigènes : https://shorturl.at/FnT45 

Justice pour les peuples autochtones : https://shorturl.at/C1fWc 

Article Planète Amazone : https://shorturl.at/epdAT 

Conseil Missionnaire Indigène (CIMI)

 

Article écrit par Lou Linh GUY pour Planète Amazone



Mis a jour le 2024-11-06 11:30:09

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