Les habitants de Piquiá de Baixo, quartier industriel implanté dans la municipalité d’Açailândia, invitent les représentants industriels et politiques à un banquet en leur honneur. Au menu, des légumes du potager brûlés par les déchets toxiques ou encore de l’eau de rivière aux particules de rejets d’usine non traités. Parmi les invités, les politiques qui ferment les yeux, comme Jair Bolsonaro, mais aussi les autres industriels qui polluent et les grandes multinationales qui achètent le fer et l’acier issus de ces industries.
Cette campagne intervient à l’occasion du 30e anniversaire du début de l’activité minière de Grupo Ferroeste, un complexe industriel de l’État de Maranhão. La campagne est menée par la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et Justiça Nos Trilhos, une organisation brésilienne pour les droits humains et l’environnement1.
Les industriels et les politiques ferment les yeux depuis près de 35 ans sur leurs responsabilités dans ce désastre sanitaire et écologique, malgré un combat acharné de la part des défenseurs des droits humains et de l’environnement. Par manque de moyens et de contrôle des autorités publiques, les entreprises2 ne respectent pas les réglementations environnementales. Jusqu’à présent, le seul progrès dans la lutte de cette communauté a été le relogement de plusieurs familles à 5 km du quartier industriel.
Habitant de la municipalité d’Açailândia montrant les particules de fer qui se déposent dans son logement ©midianinja ( CC BY-NC-SA 2.0 )
Déjà en 2011, un rapport réalisé par la FIDH et Justiça Nos Trilhos dénonçait les conséquences des activités des industries minières et sidérurgiques sur les droits humains dans l’État du Maranhão. Le rapport pointait les conséquences sanitaires de la pollution occasionnée par ces industries et rappelait la difficulté d’accéder aux informations de ces entreprises. En septembre dernier, le rapporteur spécial des Nations Unies sur les déchets toxiques a exigé que des ressources soient mises en place pour reloger les habitants et a ordonné au gouvernement brésilien et aux entreprises concernées de présenter leurs excuses et de réparer les dommages causés3.
Jusqu’à présent, ceux qui ont dénoncé la responsabilité de ces entreprises sont victimes de harcèlement moral et judiciaire.
Assortie d’une pétition, cette vidéo a aussi pour objectif d’encourager la solidarité internationale et de sensibiliser les citoyens du monde entier sur leur consommation de produits issus de ces entreprises. Maria Isabel Cubides, chercheuse au Bureau mondialisation et droits humains de la FIDH, rappelle que « partout dans le monde, nous consommons sans le savoir de l’acier entaché par d’effroyables violations commises par des entreprises irresponsables. En partageant cette invitation à Piquiá, nous espérons que le public soutiendra la communauté dans sa lutte en exigeant que les entreprises assument enfin leurs responsabilités et réparent les dommages qu’elles ont causés».
Partagez la vidéo et signez la pétition pour soutenir la communauté de Piquiá, qui lutte pour défendre les droits humains et la protection de l’environnement, et l’aider à faire entendre ses revendications et à obtenir réparation pour tous les dommages qu’elle a subi.
Garçon vivant à proximité des mines de fer de Grupo Ferroeste, dans la municipalité d’Açailândia©midianinja ( CC BY-NC-SA 2.0 )
Sources :
1 – FIDH, Brésil : Une campagne dénonce les effets toxiques des activités minières sur la santé et l’environnement d’une communauté d’Amazonie
2 – FIDH, Brésil : Le rapporteur spécial sur les déchets toxiques présente des conclusions alarmantes, appelle à réparer les violations
3 – FIDH, Brésil : Les droits humains, victimes de l’industrie minière et sidérurgique au Brésil
Article écrit par Anna Bittighoffer pour Planète Amazone