Brésil : Une jeune fille Yanomami de 12 ans décède des suites d’un viol par des orpailleurs illégaux


C’est avec horreur que nous apprenons le décès d’une jeune indigène des suites d’un viol perpétré par des orpailleurs sur les terres des Yanomamis. Ce peuple fait face depuis plus de quarante ans à la perfidie des chercheurs d’or illégaux sur leurs territoires et cela doit cesser. Malheureusement, un sentiment d’impunité est chaque année plus notable chez les coupables de violence, en particulier depuis l’arrivée au pouvoir du président d’extrême-droite Jair Bolsonaro en 2019. Il est temps que le gouvernement réagisse à ce véritable massacre. Planète Amazone soutient ainsi le peuple indigène Yanomami dans sa lutte contre ces actes innommables. 

Une fille indigène de 12 ans est décédée après avoir été brutalement violée par des orpailleurs dans une communauté de la région de Waikás, l’une des plus touchées par l’exploitation minière illégale sur les terres yanomami brésiliennes. Sa tante et elle ont été séquestrées, avant que les agresseurs violent et tuent la petite fille. Ils ont jeté la femme dans la rivière avec son enfant de 4 ans qui a disparu dans l’eau.


Communauté Aracaçá, en Terre Yanomami — Photo : Júnior Hekurari/Disclosure

Ce lundi 25 avril 2022, plusieurs orpailleurs brésiliens ont commis de nouveaux crimes odieux envers la communauté Yanomami : séquestration, viol et meurtre. Ces informations ont été communiquées par Júnior Hekurari, président du conseil du district pour la santé indigène Yanomami et Yek’wana qui a publiquement dénoncé les faits. 

 

Une agression violente, symbole d’une lutte permanente contre l’invasion illégale

Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, Hekurari raconte que l’attaque a eu lieu dans la communauté Arakaça sur le territoire des Yanomamis. Outre le viol et la mort de la jeune fille de 12 ans, il raconte qu’un autre enfant indigène, âgé de quatre ans, a disparu après être tombé dans la rivière Uraricoera : 

 

“ L’adolescente était seule au moment où les mineurs sont arrivés, l’ont attaquée et l’ont emmenée dans leurs tentes. Sa tante est venu défendre [sa nièce]. Alors qu’elle se défendait, les mineurs l’ont poussé dans la rivière avec un autre jeune enfant. Ils ont emmené [la fille] dans leur cabane et l’ont brutalement violée. Les habitants m’ont dit qu’elle était morte. C’est très triste, vraiment très triste. “

 

Choqué par cet événement tragique, Hekurari a critiqué l’inaction du gouvernement fédéral face à l’invasion des chercheurs d’or sur leurs terres qui menace tout un peuple d’extinction totale. Il s’est rendu sur place mardi 26 avril afin de récupérer le corps de la victime et l’envoyer pour autopsie à l’Institut médico-légal de la ville de Boa Vista. Afin de publiquement dénoncer le crime, il a envoyé une lettre à Ramsés da Silva Almeida, Coordinateur du district pour la santé indigène, Réginaldo Ramos, Secrétaire spécial pour la santé autchtone, Marcelo Xavier, président de la Fondation Nationale de l’Indien (FUNAI), José Roberto Peres, commissaire de la police fédérale, ainsi qu’à Alisson Marugal, Procureur de la République. Le président du conseil du district pour la santé indigène Yanomami demande le soutien des autorités telles que le ministère public fédéral, la police fédérale et l’armée brésilienne et estime que cette situation est une conséquence toujours plus fréquente de l’exploitation minière illégale qui sévit sur les terres indigènes. Il affirme que le principal coupable est le gouvernement brésilien qui continue de permettre aux groupes criminels et aux milices de perpétuellement nuire aux peuples de la forêt. La lettre rappelle que l’article 231 de la Constitution fédérale est supposé protéger la culture indigène et qu’il incombe à l’Union de faire respecter cette loi :

 

“ Nous demandons que des mesures pertinentes soient prises conformément aux règles en vigueur concernant ces événements. Cette situation regrettable doit être étudiée et par conséquent résolue. Le meurtre ignoble d’une jeune fille de 12 ans porte atteinte aux libertés individuelles les plus sensible du peuple Yanomami et il a déjà été démontré que les institutions n’ont pas pris de mesures efficaces pour ne serait-ce que minimiser le problème de l’invasion de la terre indigène Yanomami par les criminels. ”

 

Dans le but de se défendre, l’Association des mineurs indépendants de l’État a publié une note dans laquelle elle réfute totalement les accusations portées par Júnior Hekurari : 

 

“ L’association des mineurs enquête sur ces allégations et Isa Carine, sa présidente, nie tout type de conflit entre les communautés et les orpailleurs. Nous disposons de sources fiables qui l’ont informée qu’il n’existe aucune tension entre eux et leur coexistence reste pacifique. Nous continuons d’enquêter sur la véracité des plaintes mais il s’avère qu’aucune preuve n’a été apportée. Nous prendrons donc les mesures nécessaires contre le Conseil du district pour la santé indigène Yanomami et Yek’wana qui diffuse de fausses informations alors qu’il n’existe aucune hostilité entre les indigènes et les mineurs. “ 

 

Une augmentation constante de la présence des orpailleurs en terre yanomami

Ces dernières années, l’augmentation significative du nombre d’exploitants miniers illégaux décime le peuple Yanomami au Brésil. Selon le rapport de l’association Hutukara Yanomami rendu public le 11 avril dernier, il y eut une augmentation de 46 % du nombre d’orpailleurs durant l’année 2021 dans la réserve où vivent 29 000 membres de la tribu Yanomami, dans le nord du Brésil. Le document indique que les mineurs clandestins qui envahissent les territoires indigènes sont maintenant mieux équipés et possèdent souvent des armes automatiques. Les postes de santé indigènes, abandonnés par le personnel médical suite à des réductions de fonds, sont à présent occupés par ces exploitants miniers qui utilisent les pistes d’atterrissage pour leurs avions, et les bâtiments pour stocker leur matériel. « La présence croissante d’hommes armés effraie le peuple Yanomami et l’empêche d’aller pêcher ou de cultiver la terre », affirme l’anthropologiste Rogerio do Pateo dans le rapport. 

On y apprend que les chiffres des attaques criminelles contre les tribus sont “alarmants et désespérés” et il est fait état de violences sexuelles et de viols subis par les adolescents et les femmes Yanomamis. Les mineurs envahisseurs exigeraient des relations sexuelles en échange de nourriture et auraient causé la mort de plusieurs enfants. Dans la région de la rivière Apiaú, des habitants ont rapporté qu’un prospecteur explorant la région avait offert de la drogue et de l’alcool aux indigènes et, alors que tout le monde était ivre, avait violé l’un des enfants de la communauté. Le document dénonce également la mort en 2020 de trois adolescents de moins de 13 ans, tombés malades des suites d’abus commis par les mineurs, et un “ mariage “ arrangé entre une adolescente yanomami et un chercheur d’or. “ Les femmes Yanomami voient les orpailleurs comme de terribles menaces” insiste l’association Hutukara, qui dénonce “un climat de terreur permanent”. 

Alors que le gouvernement en place plaide pour plus d’exploitation minière sur les territoires indigènes, les forces de l’ordre sont incapables de restreindre les invasions dans la réserve du peuple Yanomami. Avec l’envolée du cours de l’or, les orpailleurs, vus par Jair Bolsonaro comme des aventuriers intrépides tentant de sortir les indigènes de la pauvreté, étendent ainsi leur emprise sur l’Amazonie. “Nous vivons le pire moment depuis que cette réserve indigène a été délimitée et homologuée, il y a 30 ans”, conclut le rapport.

 

Sources :

Globo : Menina ianomâmi de 12 anos morre após ser estuprada por garimpeiros, afirma liderança

Folha BV : Hekurari acusa garimpeiros de estuprar e matar adolescente Yanomami

 

À lire aussi sur le site de Planète Amazone :

S.O.S., le peuple Yanomami victime d’une nouvelle fièvre de l’or… soutenue par  Bolsonaro

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Article rédigé par Anthony Cicion



Mis a jour le 2025-06-17 14:52:30

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