Alors que le Brésil assiste au déni du gouvernement face à la dévastation causée par les incendies dans le Pantanal et en Amazonie, les communautés du peuple Guarani qui vivent à São Paulo proposent des solutions face à la crise environnementale et renforcent leurs propres moyens de protection de la Mata Atlântica.
Grâce au projet de loi du #CintrurãoVerdeGuarani (PL 181/2016), actuellement en cours de traitement à la mairie de São Paulo, les habitants Guarani des Terres indigènes Jaraguá, au nord-ouest de la ville, et Tenondé Porã, à l’extrême sud, demandent l’aide de la municipalité pour la protection, la réhabilitation et la protection des forêts et des ressources hydriques dont ils sont responsables.
S’il est approuvé, il permettra la mise en place d’une politique municipale pour le renforcement environnemental, culturel et social des Terres indigènes. Ces zones sont reconnues par le Plano Director de São Paulo (plan directeur de São Paulo) et travaillent à la protection de certains des principaux restes de forêts de la ville. Selon les données datant d’avril 2020, plus de 7 millions de mètres carrés de la Mata Atlântica de la ville ont été détruits ces cinq dernières années.
Le PL 181 a été voté à l’unanimité lors du premier tour de scrutin par la municipalité. Les leaders indigènes et leurs partenaires luttent maintenant pour qu’il soit également approuvé lors du second tour, toujours en 2020, et qu’il soit approuvé par Bruno Covas (Parti de la social-démocratie brésilienne). La proposition, déposée en 2016, a reçu l’appui de dix parlementaires de différents partis, comme le parti des travailleurs (PT), le parti socialisme et liberté (PSOL), le parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB), le parti socialiste brésilien (PSB) et le parti social démocratique (PSD).
Nous vivons dans la forêt
Une ceinture verte existe déjà à São Paulo, grâce au nhandereko, nom donné au mode de vie des Guarani. Cette population rassemble plus de 2 300 personnes dans la ville et utilise ses savoirs traditionnels, transmis de génération en génération, pour préserver la nature et prendre soin de la terre et de la forêt.
« Nous ne sommes pas seulement consommateurs de la nature, nous sommes également facilitateurs du développement et de la protection pour la pérennité de la nature », explique Jera Pires de Lima, un des leaders responsables du retour de la culture des « aliments véritables », comme les appellent les Guarani de la Terre indigène Tenondé Porã.
Au total, plus de 50 variétés de patates douces, 16 variétés de maïs, 14 variétés de manioc, 10 variétés de haricots, et 11 variétés de courges, entre autres, sont de nouveau cultivées, grâce à une série d’actions de protection environnementale et culturelle, qui implique notamment la réhabilitation de zones dégradées à l’aide de semis de la Mata Atlântica, de la gestion des abeilles natives, des plans de visites, de nouvelles solutions d’assainissement et de protection des sources et des cours d’eau, comme le fleuve Capivar – le dernier cours d’eau propre, au sud de la ville.
Depuis 2014, ces actions sont réalisées grâce au Programa Aldeias, une politique publique mise en place grâce aux Guarani et au Secrétariat de la culture. Dorénavant, il faut non seulement garantir de façon légale la continuité des initiatives à long terme, mais également les développer avec une politique publique de plus grande envergure. Outre la continuité du Programa Aldeia, la politique doit permettre aux agents des services publics de travailler avec les Terres indigènes et d’assurer la mise en place des Plans de gestion territoriale et environnementale et la consolidation des initiatives.
Elle prévoit notamment, entre autres, l’inscription de la culture Guarani au patrimoine de la ville de São Paulo, le renforcement de la gestion des zones indigènes en coopération avec les unités de préservation, le soutien aux pôles d’écotourisme, la mise en place d’un plan de développement rural durable, et l’entretien des maisons d’agriculture écologique et des centres d’éducation et de culture indigène (Ceci) dans les villages.
© Cimi, le 24/09/2020, traduit du portugais par Joana Ferreira Pires – Article original