En Côte d’Ivoire, la production de cacao se fait sur de vastes espaces et a contribué à la déforestation d’environ 10 millions d’hectares de forêt en un peu plus d’un demi-siècle. Les chercheurs estiment que la forêt ivoirienne aurait perdu entre 80 et 90% de son couvert depuis 1960. En comparaison, le Congo aurait dévasté 20% de ses forêts humides en 30 ans.
Les sols, mis à nus par la déforestation, sont épuisés par les pluies, ce qui encourage les agriculteurs à déboiser de nouvelles parcelles pour leurs cultures, en laissant leurs anciennes terres en jachère. Cette déforestation est un véritable drame car les forêts limitent considérablement le phénomène de réchauffement climatique et contribuent à durablement protéger des espèces emblématiques de faune et de flore.
La forêt reprend ses droits
Dans la forêt classée de la Téné, située au centre-sud de la Côte d’Ivoire, une parcelle d’environ 2 000 mètres carrés, détruite pour la culture du café dans les années 1990, a réussi à reconstituer, en quelques décennies, une partie de son écosystème. Amani Bienvenu, doctorant en écologie à l’Institut national polytechnique Félix Houphouët-Boigny (INPHB) de Yamoussoukro, a suivi de près la régénérescence dans cette forêt : « Ce caféier, a été abandonné par un planteur il y a un peu plus de vingt ans faute de rendement intéressant. Il est en train de mourir parce qu’aujourd’hui la forêt reprend ses droits. »
En effet, en une vingtaine d’années, sans intervention humaine, il semblerait que d’anciennes forêts primaires (forêts composées d’espèces indigènes où aucune trace d’activité humaine passée ou présente n’est visible) puissent récupérer jusqu’à 80% de leur ancienne fertilité et de leur diversité. On les nomme alors des forêts secondaires.
Processus de régénération des forêts
Face à une déforestation accrue dans toutes les régions du globe, un consortium de 80 chercheurs s’est constitué en Amérique Latine et en Afrique de l’Ouest. Coordonné par le CIRAD et l’Université hollandaise de Wageningen, les travaux scientifiques ont porté sur l’analyse de 2 200 parcelles de forêts à travers le monde, afin de mieux comprendre ce phénomène de régénération. Leurs recherches ont démontré que des graines, non abîmées par l’agriculture, se stockent dans les sols et sont susceptibles de germer plus tard, reboisant ainsi la forêt. Le climat chaud ivoirien, ainsi que la présence d’animaux encouragent par ailleurs cette régénérescence.
Publiées dans la revue Science en décembre 2021, leurs conclusions ont observé que 2,7 millions d’hectares avaient repoussé au niveau de la forêt atlantique au Brésil entre 1996 et 2015.
Le gouvernement ivoirien, qui lutte activement pour la reforestation de son pays, souhaite mieux comprendre ce processus naturel. En effet, les actions initiées par l’homme ont tendance à ne pas amener une diversité d’essences d’arbres suffisante, contrairement à la reforestation naturelle. Cette dernière, pour fonctionner de manière optimale, ne doit pas comprendre des sols brûlés, comme ont tendance à le faire les agriculteurs pendant les périodes de mise en jachère.
Selon le journal Le Monde, toutes ces découvertes et recommandations portent leurs fruits car des organismes spécialisés, tels que l’Institut européen de la forêt, souhaitent se baser sur les résultats de ces chercheurs afin de coordonner de nouvelles stratégies de restauration forestière en Côte d’Ivoire.
Bien agir pour préserver les forêts
La régénération spontanée des zones forestières partout dans le monde est une très bonne nouvelle. L’ensemble de ces recherches a pour vocation l’optimisation des politiques forestières dans les pays menacés par la déforestation, comme la Côte d’Ivoire qui a perdu plus de 80% de ses forêts depuis les années 1960, notamment en raison des cultures intensives de cacao.
Planète Amazone soutient les initiatives visant à protéger la forêt ou à restaurer les zones forestières dégradées. Notre association vise également à responsabiliser le citoyen sur sa participation à la déforestation et incite chacun à agir à son échelle, en favorisant, par exemple, la consommation de café ou chocolat certifiés ou qui n’a pas contribué à la déforestation en Afrique de l’Ouest.
Source : Le Monde En Côte d’Ivoire, la vitesse de reconstitution de la forêt tropicale surprend les chercheurs