L’Alliance du large et de la terre
Quand la bataille du barrage de Belo Monte éclate en 2012, la colère gronde jusque sur les océans. Depuis le Rio Xingu, le Cacique Raoni Metuktire, relayé par Planète Amazone, réclame l’abandon définitif du projet du barrage qui menace d’inonder 500 km2 de surface, entraînant la destruction de la biodiversité et la disparition d’espèces rares sur son passage. À son appel, une voix se détache : celle de Paul Watson, capitaine des mers, cofondateur de Greenpeace et fondateur de Sea Shepherd.
La rencontre entre l’univers marin et le monde végétal ne devait rien au hasard : tous les deux souffrent des mêmes logiques prédatrices, simplement vécues depuis des horizons différents. Convaincu de la convergence des luttes en faveur du vivant, Paul Watson signe la pétition du Cacique Raoni. Par cet acte fort, il s’engage aux côtés de Planète Amazone et des peuples indigènes et ouvre le premier chapitre d’une longue histoire fraternelle. Ses convictions, portées par Sea Shepherd France et Sea Shepherd Brasil, font écho à celles du Cacique Raoni : la défense du vivant n’a pas de frontières, ni de continents.

Conférence “Océans et forêts au bord de l’asphyxie : agir pour redonner de l’air à la planète”, 10 décembre 2015.
Crédit photo : Wikimedia/ Licence CC0 1.0 Universal Public Domain Dedication
Les années suivantes, les chemins de Gert-Peter Bruch, fondateur de Planète Amazone, et de Paul Watson ne cessent de se croiser. Ensemble, ils inventent un langage commun : celui de la résistance planétaire. En 2015, alors que Paris accueille la COP21, Paul Watson rejoint le noyau fondateur de l’Alliance des Gardiens de Mère Nature. Ce projet d’envergure, initié par le Cacique Raoni et Planète Amazone cette même année, réunit les chefs des peuples indigènes et acteurs de la planète autour d’une Déclaration de 17 propositions pour protéger le climat et les générations futures.
L’humanité a franchi le seuil de tolérance écologique (…). La COP 21 est sa dernière chance.
clame déjà le capitaine dans son livre manifeste Urgence, si l’océan meurt, nous mourrons ! (2016) Ces mots, plus que jamais d’actualité au seuil de l’ouverture de la COP 30, résonnent comme une amère prophétie : une décennie s’est écoulée et, à l’heure du bilan, la protection du vivant et ses gardiens semble toujours plus éloignée.
De l’action au soutien sans faille : l’autre visage de l’alliance
Très vite, ce lien dépasse le militantisme. Il devient le fil conducteur d’une amitié durable et d’un engagement perpétuellement renouvelé. En 2018, Gert-Peter Bruch, lui confie la narration anglaise de “Terra Libre”, son documentaire consacré aux peuples indigènes d’Amazonie. La voix rocailleuse du capitaine se mêle alors à la symphonie des forêts pour écrire une nouvelle partition: celle de la coalition.
Le capitaine Paul Watson, narrateur de la version anglaise de Terra Libre, en compagnie du Cacique Raoni, unis pour le lancement de l’Alliance des Gardiens de Mère Nature.
© Planète Amazone / Gert-Peter Bruch.
Quand le berger des mers est arrêté en 2024 au Groenland, Planète Amazone est parmi les premiers à réagir. L’ONG, par son soutien, rappelle alors que le combat pour la Terre Mère n’épargne pas ceux qui la défendent. Une solidarité simple, immédiate — celle des compagnons de route.
En juin 2025, au Sommet des Océans de Nice (UNOC 3), Paul Watson, par l’intermédiaire de Planète Amazone, a convié le Cacique Tau à bord du John Paul DeJoria, navire amiral de sa fondation. À bord, le cacique Tau Metuktire, petit-fils du Cacique Raoni tombe nez à nez avec la coiffe du grand Paiakan, figure éminente kayapo disparue pendant la pandémie. Cette rencontre inopinée sacralise l’union entre la mer et la forêt. Entre Paul Watson et les Kayapo, la mémoire de Paiakan est devenue un symbole; celui d’une union spirituelle — une promesse de veiller ensemble sur la Terre Mère.
Le Cacique Tau invité à bord du “John Paul DeJoria” dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC 3), Nice, 2025.
© Jodie Wtulich/Virginie Squin/ Tristan Bourdon/ Planète Amazone.
Aujourd’hui, à l’approche de la COP30, cette alliance s’écrit à nouveau sur le terrain. Planète Amazone, Sea Shepherd Brasil et la Captain Paul Watson Foundation préparent ensemble des actions et des tournées de sensibilisation. Plus de dix ans après Belo Monte, la même idée demeure : relier les défenseurs de la mer à ceux de la forêt.
De Belo Monte à Belém, la trajectoire de Paul Watson et celle de Planète Amazone racontent la fidélité d’un compagnonnage rare. Si les fronts se déplacent, la lutte reste la même. Planète Amazone appelle à renforcer ce réseau d’alliances et à unir ses forces en faveur de la préservation du vivant et des Gardiens de la Terre Mère.
Soutenir leurs actions, c’est transmettre le message qu’ils défendent ensemble.
Article écrit par Valériane Beaucaillou
Sources :
- “Urgence, si l’océan meurt, nous mourrons !”, écrit par Paul Watson, édité en 2016 aux éditions Glénat.
- Planète Amazone, 2012 – 2022 : dix ans à construire le futur avec les Gardiens de la Nature, Planète Amazone, 2022.
- PAUL WATSON DEMANDE L’ASILE POLITIQUE À LA FRANCE – Planète Amazone, 2024.
- https://planeteamazone.org/actualites/protegeons-lamazonie-mini-serie-et-action-citoyenne/, Planète Amazone, 2021.




