Déjà en février dernier, leur grand chef Davi Kopenawa avait alerté sur ce sujet, lors de sa visite en France que plus de 25 000 chercheurs d’or illégaux ravageaient son territoire ! « Nous avons peur en permanence », se désole notamment Marinaldo, autre chef Yanomami. Rappelons que l’extraction aurifère au mercure laisse la forêt ravagée et les rivières lourdement contaminées.
En effet, au nord du Brésil, dans l’Etat du Roraima, un nombre toujours plus important de « garimpos », les chercheurs d’or, exploitent les terres indigènes afin d’extraire le métal précieux présent sous la couche de faune et flore amazonienne. C’est ainsi que le minerai est devenu le deuxième produit d’exportation de cet Etat brésilien en 2019 alors même qu’il n’y a pas une seule mine légale en activité. Les Yanomami se sentent donc en insécurité et, de fait, la police fédérale n’a arrêté que quelques commerçants de Boa Vista, capitale du Roraima, mais les commerces fonctionnent toujours, et rien qu’en 2018, trois bases de la Fondation de protection des indiens (Funai) installées en territoire Yanomami ont fermé. Des familles de Yanomami ont donc décidé de quitter leurs terres, trop dangereuses, pour vivre en ville dans la misère.
L’anthropologue de l’Institut socio-environnemental (ISA), Jose Ignacio, insiste sur le fait qu’il faut à tout prix éviter que les jeunes Yanomami ne se laissent attirer par l’intérêt financier que l’on peut trouver dans cette activité illégale. Il existe, en effet, un tabou autour du fait que certains proposeraient leurs services et leurs terres aux orpailleurs et c’est notamment sur cela que Bolsonaro s’est fondé afin de défendre la nécessité de légaliser l’exploitation amazonienne. D’après lui, et comme il l’a martelé dans son discours à l’ONU fin septembre, l’Amazonie n’appartient pas au patrimoine de l’humanité. C’est ainsi qu’un projet de loi, qu’il a validé, est actuellement en examen : il légaliserait la prospection aurifère notamment dans ces territoires reculés !
Durant son mandat, Bolsonaro compte bien légaliser l’exploitation minière de ces territoires indigènes mais pas seulement et il faut empêcher cette catastrophe ! Néanmoins, peu de politiques agissent en ce sens afin de défendre le peuple Yanomami. Joêna Wapichana est la première femme indigène députée fédérale au Brésil et bien qu’elle soit déterminée dans ce combat, elle est en position de faiblesse face au gouvernement et au lobby ruraliste déterminés à détruire les droits des indigènes et à les déposséder de leurs terres.
– par Adèle Moriceau –
Source : France 24